Entre deux mesures anticorona, Het Congres a de nouveau offert aux participants la possibilité d'étoffer leur réseau et d'entendre les messages porteurs d'espoir provenant de l'industrie. Son organisateur avait choisi pour thèmes: l'automatisation, le développement durable et le capital humain. Soit les éléments sur lesquels l'imprimerie du futur sera en mesure de se distinguer. Les principaux enseignements en résumé.
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Entre deux mesures anticorona, Het Congres a de nouveau offert aux participants la possibilité d'étoffer leur réseau et d'entendre les messages porteurs d'espoir provenant de l'industrie. Son organisateur avait choisi pour thèmes: l'automatisation, le développement durable et le capital humain. Soit les éléments sur lesquels l'imprimerie du futur sera en mesure de se distinguer. Les principaux enseignements en résumé. Innovate or die, le titre de la présentation de l'entrepreneur écoresponsable Jan Kriekels tenait davantage de l'appel au progrès que de la stratégie d'entreprise. Pour autant, il n'en comportait pas moins un large fond de vérité. Un tel crédo ne peut que plaire à un organisme comme le VIGC qui voit l'automatisation et l'innovation comme des nécessités. Jos Steutelings, son directeur, qualifie d'ores et déjà le secteur d'industrie hightech. Ce dont, ajoute-t-il, les entrepreneurs peuvent être fiers. L'automatisation conserve malgré tout une connotation négative pour certains. On a longtemps cru qu'elle serait destructrice d'emplois. Une thèse qui n'a heureusement plus été défendue pendant Het Congres. Lorsque l'on est confronté à un manque de bras qualifiés, la question de l'éventuelle redondance de personnel induite par l'automatisation n'est plus pertinente. Inversement, celui qui pense pouvoir résoudre une pénurie de personnel en automatisant à tout-va risque d'être amèrement déçu. Le but de l'automatisation doit toujours être de produire plus efficacement avec une qualité prévisible. L'humain reste donc incontournable, si ce n'est que les travailleurs se voient souvent affectés à d'autres tâches (plus intéressantes) qu'avant l'automatisation. Il s'agit donc de les rendre plus productifs et non de les renvoyer chez eux. Celui qui n'automatise pas, en revanche, peut s'attendre à devoir licencier tôt ou tard. Un environnement de production à forte intensité de main-d'oeuvre entraîne des coûts plus élevés et des délais d'exécution plus longs, ce qui finit à la longue par saper la compétitivité. Il devient difficile de conserver les clients, ce qui se paie cash en termes d'emplois. À défaut d'automatiser et d'innover, vous risquez non seulement de devoir vous séparer d'une partie de votre personnel, mais aussi de voir vos précieux collaborateurs prendre congé de vous. Dans un marché du travail en surchauffe, il est évident qu'ils seront tentés d'aller voir si l'herbe n'est pas plus verte ailleurs. La jeune génération ne voit plus l'intérêt de s'astreindre à des tâches fastidieuses, répétitives et gourmandes de main-d'oeuvre. Elle veut un métier qui donne du sens à sa vie. L'automatisation propose aux travailleurs de nouvelles tâches plus intéressantes en prenant en charge la routine monotone. Jan Oost, CEO d'Aluscreen, a évoqué la besogne bénéfique abattue par un cobot auprès de sa table de découpe Zünd. La machine prélève précautionneusement tous les éléments découpés, les empile sur un chariot et insère un intercalaire à chaque nouveau job. Avant l'arrivée du cobot, l'opérateur devait souvent attendre la fin de la découpe. Et pour les formes les plus simples, c'est à peine s'il parvenait à suivre le rythme de la machine. À présent que les opérations sont automatisées, il peut desservir plusieurs machines en même temps tout en vaquant à d'autres occupations. Si le cobot d'Aluscreen illustre bien une chose, c'est que la robotisation est à la portée de plus petites d'entreprises ayant un carnet de commandes varié. Il n'y a pas si longtemps, les bras robotisés étaient encore extrêmement coûteux et se cantonnaient aux grandes productions standard complexes, comme dans l'industrie automobile. De tels robots sont entourés d'une cage de sécurité, indispensable pour la protection des travailleurs, et ils sont affectés à des tâches spécifiques, généralement lourdes. Difficile d'imaginer qu'une telle configuration puisse être la solution à un problème dans un environnement graphique. Les robots et cobots de nouvelle génération sont toutefois plus polyvalents, moins chers et plus faciles à programmer. Comme son nom l'indique, un cobot (robot collaborant) peut être déployé dans un environnement de production où évoluent des humains. Les cobots ne sont pas conçus pour manipuler des charges lourdes ni opérer des mouvements à grande vitesse. Ils sont plus légers que les robots ordinaires et plus faciles à déplacer. Il existe des piètements pour les cobots, qui peuvent facilement être transportés avec le transpalette. Un même cobot peut ainsi être installé en différents endroits pour accomplir différentes tâches. Avec le protocole standard OPC UA, il est devenu plus simple d'échanger des données avec les cobots (et les robots). Il est ainsi souvent possible de faire collaborer un cobot avec des machines modernes. Dans l'exemple d'Aluscreen, l'objectif est que la table de découpe soit bientôt en mesure d'adresser un signal indiquant au cobot qu'il peut prélever les pièces. L'automatisation conduit ainsi à plus d'automatisation. Les cobots peuvent être mis en oeuvre de multiples manières. Quand on passe une journée dans une usine, on y voit des ouvriers exécuter toutes sortes de tâches répétitives. L'idée d'acquérir immédiatement quelques cobots pour les affecter aux endroits où l'on réalise du travail manuel peut paraître séduisante. Mais on risque alors de passer à côté de l'essentiel, dit Jan Oost. Le mieux est de d'abord sélectionner une tâche spécifique qui se prête à une automatisation par robot/cobot. Ensuite, il est important d'étudier la manière dont celle-ci pourrait être automatisée. Les travailleurs qui effectuent déjà cette tâche manuellement ont un rôle à jouer, souligne Oost. Ils peuvent expliquer en détail ce qui doit être fait, avec quelles variantes, et dire où les choses peuvent mal tourner. Une fois en possession de ces informations, on peut partir à la recherche du bon cobot. Ce qui implique de tenir compte de toutes sortes d'éléments, comme l'outillage disponible. On peut réfléchir de manière ciblée sur le programme à exécuter par le cobot, ainsi que sur le rôle à jouer par l'opérateur dans la production. Dans le cas du cobot d'Aluscreen, un critère important était la disponibilité de plusieurs outils. Un produit peut être saisi avec un préhenseur, une ventouse ou un aimant, avec plusieurs variantes possibles dans chaque cas. Il est devenu pratiquement impossible de visiter un événement sans qu'il y soit un minimum question d'environnement, de développement durable ou de neutralité carbone. On attend des entreprises que chacune de leurs innovations comporte au moins une composante écoresponsable. Probo, à Dokkum (Pays-Bas), avait fait particulièrement fort sur son stand dans la partie réseautage de Het Congres. Ce spécialiste de la signalétique développe un matériau intégralement constitué de matières réutilisables, qu'il compte commercialiser plus tard sous la marque "Sign Again". Ce produit est une combinaison de matériaux usagés collectés chez les clients et de chutes de sa production propre. Ceux-ci sont d'abord déchiquetés puis ensuite compressés. Le résultat est un vinyle imprimable, qui pourra lui-même être récupéré après usage pour la fabrication du Sign Again. Quand un camion Probo livre des produits neufs à un client, il peut enlever le matériau usagé, ce qui évite des transports supplémentaires. Sign Again contient certes du PVC - un composé dont l'industrie aimerait se débarrasser - mais comme il est réutilisé, la charge pour l'environnement est réduite au maximum, souligne René de Heij, directeur de Probo. Les cycles actuels de recyclage du plastique laissent encore à désirer, de sorte que l'invention de Probo conserve potentiellement tout son sens. Le système est actuellement en phase de test et Probo ne peut encore produire Sign Again qu'en petits formats. L'entreprise investit dans des machines plus grandes, devant lui permettre de proposer des panneaux de plus grandes dimensions. Les efforts de l'industrie en matière de développement durable ne sont pas toujours aussi simples à expliquer. Sarah Price, Sustainability Manager chez Sappi Europe, a détaillé en long et en large la manière dont le géant papetier gère les forêts dédiées à la production. En fin de compte, le papier et le carton auront toujours un rôle à jouer, pense Price. Ce en quoi elle a tout à fait raison, surtout envisagé du point de vue de l'industrie de l'emballage. Le matériau est en effet en plein essor dans ce secteur, précisément parce qu'il est vu comme une alternative durable au plastique. Giovanni Van der Weken, directeur de l'imprimerie Zwartopwit, a raconté pendant Het Congres qu'il passe son temps à faire comprendre l'importance d'une production durable à ses clients. La demande de produits écoresponsables se fait toujours plus forte, mais le besoin de prix bas aussi. Zwartopwit a intégré le slogan "imprimé durable" dans son logo, en en faisant ainsi une composante essentielle de son identité. Il trouve important que direction et personnel partagent la même conviction de l'entrepreneuriat durable. Une imprimerie qui se cantonne derrière un narratif "vert", juste parce que c'est la mode, ne contribue pas à l'image positive du produit graphique. En revanche, celle qui a vraiment la durabilité à coeur est tenue de le faire savoir. Une image positive n'est pas seulement un moyen important d'attirer de nouveaux clients ; elle aide aussi à trouver du personnel. Nous avons déjà parlé des jeunes générations et de leur aspiration à exercer un métier qui donne un sens à leur existence. Elles seront davantage tentées de travailler pour une entreprise dont les intentions en matière d'environnement sont pures. L'authenticité est déterminante. Cette sincérité durable va nécessiter un grand changement pour plus d'un entrepreneur graphique. Petit aparté concernant la forme des présentations. Celles-ci respectent généralement les lois des évènements tels que nous en voyons souvent dans l'industrie manufacturière. Le public est bombardé de PowerPoint. Parfois, un conférencier dit n'avoir pas eu assez de temps pour préparer ses diapos et balance une vidéo que tout le monde a déjà pu voir sur YouTube. L'interaction avec le public a lieu pendant la partie "réseautage" - souvent soignée dans les moindres détails - mais jamais pendant ou après une présentation. Depuis quelques années, Het Congres propose des interviews et des tables rondes sur l'estrade, lesquelles apportent une bouffée d'oxygène dans le programme. Quand il a repris la société de son père, Thijs Claes, CEO de Daddy Kate, a résolument changé de cap. La tâche de la direction n'était désormais plus de contrôler le travail des salariés, mais de veiller à ce que les objectifs soient atteints. Claes délègue la prise de décision au niveau le plus bas possible dans l'entreprise, car, dit-il, les travailleurs sont parfaitement à même d'assumer cette responsabilité. Sa gestion consiste surtout à abolir les règles superflues de manière à ce que ses collègues n'aient plus à poireauter dans l'attente d'un accord. La nouvelle culture d'entreprise a rendu le travail plus agréable aussi bien pour lui-même que pour le personnel. Daddy Kate a d'ailleurs pu aligner des résultats positifs, avec une croissance de l'effectif, passé de trente à une centaine de salariés, et un chiffre d'affaires sain. L'analyste de tendances et psychologue du changement Herman Konings a évoqué des produits graphiques qui conservent une valeur ajoutée pour les plus jeunes. Le retour spectaculaire de la pochette d'album en est un exemple éloquent. Pour peu qu'elle puisse proposer une offre de produits juste, une industrie qui fait la part belle au développement durable, à l'humain et à l'innovation a en principe l'avenir devant elle.