Sabine Geldermann, directrice de Drupa, a révélé ses chiffres provisoires lors de la Journée portes ouvertes organisée le 17 avril 2024 par Komori Europe en son centre d'Utrecht (Pays-Bas). Elle y a évoqué une "transformation importante": "À côté du marché des imprimés commerciaux, nous observons un intérêt croissant des exposants pour les emballages en carton pliant ou ondulé et les étiquettes." Une tendance qui devrait aussi être perceptible parmi les visiteurs, pressent Geldermann: "Nous nous attendons à attirer un nouveau public issu du monde de l'emballage."
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Sabine Geldermann, directrice de Drupa, a révélé ses chiffres provisoires lors de la Journée portes ouvertes organisée le 17 avril 2024 par Komori Europe en son centre d'Utrecht (Pays-Bas). Elle y a évoqué une "transformation importante": "À côté du marché des imprimés commerciaux, nous observons un intérêt croissant des exposants pour les emballages en carton pliant ou ondulé et les étiquettes." Une tendance qui devrait aussi être perceptible parmi les visiteurs, pressent Geldermann: "Nous nous attendons à attirer un nouveau public issu du monde de l'emballage." Si l'évènement d'Utrecht - censé offrir un avant-goût des nouveautés que Komori prévoit de dévoiler à la Drupa - peut servir de baromètre pour mesurer l'intention du public de participer au salon, la Messe peut être rassurée. Avec quelque 300 participants internationaux, cette avant-première a été un vif succès. Geldermann a souligné l'importance de la présence des machines dans les stands, avec de vraies démonstrations - "Le public souhaite voir les dernières technologies à l'oeuvre" - et Komori entend bien répondre à leurs attentes. Que l'imprimeur commercial qui n'a pas encore envisagé d'imprimer des emballages se le dise: cette Drupa ne laisse plus d'échappatoire. Tous les constructeurs de presses offset plano présents (Manroland Sheetfed a décidé de ne pas participer à la Drupa) mettent l'accent sur ce marché prometteur. Komori n'oublie certainement pas les imprimeurs de labeur. Le constructeur japonais propose sur ce marché la nouvelle Lithrone G37P Advance. Montrée à Utrecht, cette presse compacte et écoénergétique de format B2+ avec huit tours et tambour de retournement peut imprimer 15 000 feuilles par heure. Mais le clou du stand à la Drupa - comme à Utrecht - sera la presse B1 Lithrone GX740+CC Advance - qui sera même exposée à Düsseldorf dans une version "EX" encore plus neuve (et moins énergivore). La Lithrone GX740+CC Advance de 25 mètres de long est destinée à la production d'emballages. Hérissée de sept tours (suivies de deux groupes vernis et de sécheurs), cette machine convient pour l'impression en "gamut élargi". Ce procédé, que Komori appelle désormais "Smart Colour", consiste à ajouter des encres verte, orange et violette aux CMJN pour permettre la reproduction d'un espace chromatique plus large à partir de sept couleurs au lieu de quatre. De quoi rendre l'usage répété de tons directs PMS largement superflu. Ce qui en plus de faire gagner du temps en évitant de fréquents changements d'encres, permet aussi d'amalgamer différentes commandes (avec plusieurs couleurs d'appoint) sur la même feuille d'impression. La nouvelle Lithrone atteint une cadence maximale impressionnante de 18 000 feuilles par heure (même si Heidelberg promet d'en remettre une couche, lire ci-après). Les changements de travail ultrarapides augmentent encore la productivité. Mais ce n'est pas pour rien que Komori a fait de "l'automatisation connectée" son thème numéro un pour la Drupa. Un rôle de premier plan est dévolu à KP Connect, la plate-forme informationnelle qui collecte les données de la production et les traduit en enseignements pratiques - dont le volume de CO2 émis par commande. KP Connect rend possible une production plus efficiente. Selon Komori, une presse moyenne n'est en production effective que 33% du temps ; et 33% à l'arrêt, le reste étant consacré, par exemple, aux entretiens. KP Connect répond à la question: "pourquoi la presse n'est-elle pas en train de produire?". Le système Cloud est disponible en trois versions: "Basic", avec un tableau de bord et des rapports ; "Edge", qui est couplé au MIS et affiche les informations en temps réel ; et "Pro", qui peut également être connecté aux machines de tiers, même sur plusieurs sites de production. La troisième presse montrée par Komori à Düsseldorf (et qui n'était pas à Utrecht) ne manquera pas de susciter l'intérêt. Développement interne, cette "J-Throne 29" est une presse feuille à jet d'encre LED UV de format B2, qui imprime 6 000 feuilles par heure. Komori avait déjà commercialisé l'Impremia IS29, une presse feuille à jet d'encre de format B2, en collaboration avec Konica Minolta. Cette machine fait d'ailleurs toujours partie de l'assortiment, dit Komori. Idem pour la presse feuille à jet d'encre Impremia NS40 B1 - la version maison de Landa S10. À noter que ni la IS29 ni la NS40 ne seront à la Drupa. En phase avec les Drupa précédentes, Heidelberg mise résolument sur l'automatisation et la digitalisation de l'ensemble des processus. Mais la période pré-Drupa semble assez agitée pour l'entreprise. On a appris début avril que Zaikio, entreprise rachetée par Heidelberg en 2019, était mise en liquidation. Selon l'ex-CEO d'Heidelberg, peu convaincu par le JDF, Zaikio allait automatiser et intégrer tous les processus numériques de l'industrie graphique par le biais d'applis et d'API - non seulement au sein des entreprises, mais aussi entre elles. Différents groupes papetiers, dont Sappi et Antalis, ont couplé leur système de commande à la plate-forme, comme l'ont fait d'ailleurs un certain nombre d'éditeurs de MIS. Le lancement de la plate-forme prévu pour la Drupa 2020 est toutefois tombé à l'eau pour cause de pandémie. Dans son rapport de gestion relatif à l'exercice 2022-2023, Heidelberg abaissait la valeur de goodwill de Zaikio d'un million d'euros à zéro. Lors d'une rencontre pré-Drupa en mars, Heidelberg avait soigneusement éludé une question sur Zaikio, préférant présenter Prinect comme la solution ultime pour l'automatisation de bout en bout. Lors de ce même rassemblement pré-Drupa, le CEO Ludwin Monz a déclaré qu'Heidelberg suivait une stratégie "à deux voies". Tout en explorant de nouveaux marchés, comme celui des bornes de recharge domestiques pour véhicules électriques, l'entreprise continue de faire du marché graphique son "coeur de métier". Selon Monz, Heidelberg y joue un rôle "de premier plan", aussi bien dans le segment de l'emballage que pour la technologie numérique dédiée à l'impression commerciale. Ce premier segment sera bien servi à la Drupa avec la première mondiale de l'édition "peak performance" de la Speedmaster XL 106, pouvant produire pas moins de 21 000 feuilles par heure. La nouvelle Speedmaster XL106 est configurable à volonté, dit Heidelberg, avec, par exemple, une coupeuse en feuille CutStar, une unité de dorure ou un système plate-to-unit pour le chargement et le déchargement automatiques des plaques. La machine peut ainsi couvrir un champ d'application très large, de la production d'étiquette à coller (avec un volume réaliste de 100 millions de feuilles par an) aux emballages haut de gamme ou aux étuis pharmaceutiques. L'automatisation poussée permet une utilisation des presses en quasi-autonomie, un opérateur devant pouvoir conduire à lui seul plusieurs machines dans le cadre d'une production "en cluster", comme dit Heidelberg. Les projets d'Heidelberg dans le domaine de l'impression numérique sont moins concrets. Après l'échec de la presse feuille à jet d'encre B1 Primefire lancée à la Drupa 2016 pour le marché de l'emballage, Monz pense que le numérique a surtout de l'avenir pour les imprimés commerciaux. Sur le stand d'Heidelberg à la Drupa seront en outre exposées une presse à étiquettes jet d'encre Gallus One et une machine à toner cinq couleurs Versafire LV. Cette dernière est le fruit d'un codéveloppement avec Ricoh - mais rien n'est actuellement prévu pour incorporer la nouvelle presse feuille à jet d'encre B2 de Ricoh dans l'assortiment, a dit Monz. Une presse numérique B2 maison semble encore moins à l'ordre du jour: à côté de la Speedmaster 75 de ce format, Heidelberg souhaite se concentrer sur l'offset grand format. Ce qui n'empêche pas l'impression numérique de rester "très importante", a souligné Monz. Monz ne sait pas d'ailleurs pas lui-même dans quelle mesure la stratégie élaborée portera ses fruits: CEO d'Heidelberg depuis avril 2022 seulement, il a annoncé son départ inopiné fin avril. Il sera remplacé quelques semaines après la Drupa par Jürgen Otto, présenté comme un "manager de crise expérimenté". La Drupa revêt une grande importance pour Koenig & Bauer. Ne fût-ce que parce que son CEO Andreas Plesske est aussi président du Comité Drupa, et donc d'autant plus intéressé à ce que le salon soit une réussite. Le constructeur de presses a lourdement investi dans sa participation: ses derniers résultats annuels font état d'un poste de dépenses de 10 millions d'euros environ pour la Drupa. (Interrogé sur le ROI d'un tel investissement, Plesske a concédé que ce retour n'était en fait pas chiffrable: "Nous ne pouvons en tout cas certainement pas nous permettre une Drupa chaque année. Mais le salon est important pour notre stratégie marketing.") Koenig & Bauer voit des perspectives de croissance dans les modèles numériques, la post-presse, les presses numériques, le carton ondulé et aussi la flexo. Ce pour quoi l'entreprise mise sur des collaborations et des joint-ventures. Par exemple, elle développe en partenariat avec Google Cloud un puissant environnement de gestion et d'analyse des données: Koenig & Bauer Analytics. Et avec Hybrid, le logiciel PrintFusion, module de CloudFlow conçu pour exploiter au maximum la capacité de la presse. Dans le domaine du carton ondulé, elle travaille avec Celmacch. Koenig & Bauer construit aussi des presses numériques en collaboration avec HP et Durst. Le partenariat avec Durst en particulier sera mis à l'honneur à la Drupa. Les deux entreprises ont codéveloppé la VariJet 106, qui intègre la technologie jet d'encre de Durst dans la plate-forme modulaire de la presse offset Rapida 106 de Koenig & Bauer. Cette machine hybride offset/jet d'encre au format B1, qui embarque sept couleurs de jet d'encre et peut être complétée de groupes offset, est spécialement destinée au marché du carton pliant. Elle a déjà été testée auprès de trois imprimeries et sera donc prête pour le marché à la Drupa. Le constructeur de presses japonais Ryobi a fusionné avec Mitsubishi Heavy Industries voici dix ans pour former RMGT. Les résultats de cette intégration sont aujourd'hui visibles à la Drupa. Lors d'une récente journée Portes ouvertes à l'occasion de ce deuxième lustre, un coin du voile a été levé sur les dernières évolutions. D'où il apparaît que RMGT exposera deux presses à Düsseldorf: les RMGT 970PF-8 et RMGT 1060LX-6. La première est une machine de série 9 (format papier maximum de 64 x 92 cm) à huit tours et tambour de retournement. La seconde est une six couleurs de format B1 avec vernis. Eu égard à sa capacité à accepter également le carton ondulé microcannelé et au fait qu'elle peut être équipée d'une double sortie, on peut raisonnablement conclure que RMGT aussi lorgne instamment le monde de l'emballage.