Les étapes à venir dans l'évolution du jet d'encre et les bonnes raisons de l'adopter

L'impression numérique d'aujourd'hui élimine la plupart des temps d'arrêt inefficaces d'une presse ; les étapes intermédiaires ont pratiquement toutes disparu. Les imprimeurs sont plus productifs et plus réactifs et ils aident leurs clients à réduire leurs stocks. Bref, l'avenir de l'impression sera numérique et il fera la part belle au jet d'encre. La xérographie et l'offset ne peuvent rivaliser avec le jet d'encre, fort de ses énormes largeurs d'impression et de sa capacité d'imprimer sur des objets et des tissus. Le fait qu'une impression par jet d'encre n'implique pas de contact évite le risque de distorsion de l'image ou de détérioration du support. Le marché n'attend pas et tous les fabricants redoublent d'ingéniosité pour gérer au mieux ces minuscules gouttelettes d'encre. Ce qui fait intervenir de multiples aspects: la hauteur d'éjection par rapport au papier ; la fragilité des têtes et leur résistance aux frottements ; leur interchangeabilité ; la vitesse d'éjection de l'encre couplée à la précision de la forme des gouttelettes ; la taille et la qualité des pigments ; les limites de pénétration de l'encre dans le support ; les caractéristiques de séchage améliorées du papier non couché ; etc. Nous voyons beaucoup de fabricants de têtes d'impression (Memjet, Kyocera, Fuji, Xaar, Konica Minolta, pour n'en citer que quelques-uns) mettre en avant des résolutions supérieures, de plus hautes vitesses et des coûts réduits. De quoi ouvrir de nouveaux horizons. S'il fut un temps où leurs résolutions et vitesses modérées limitaient leurs possibilités d'application, beaucoup de fabricants nous offrent aujourd'hui un foisonnement incroyable de nouvelles têtes autorisant des productivités élevées en haute résolution. De nombreux fournisseurs de machines jet d'encre sont de ce fait en mesure de desservir de nouveaux marchés, des étiquettes au grand format en passant par les textiles, les emballages et l'impression industrielle. Tous ces secteurs connaissent une croissance significative et je suis convaincu que nous avons atteint un point-bascule qui fera du jet d'encre la technologie dominante à la prochaine drupa. Plusieurs machines révolutionnaires y seront présentées et nous pourrons constater que le jet d'encre n'a pratiquement plus aucune limite. Si la tête d'impression proprement dite peut s'appuyer sur des technologies avancées, le succès fulgurant du jet d'encre s'explique aussi par la disponibilité d'autres ingrédients comme l'impression 3D, des logiciels de pointe et l'intelligence artificielle. Ces constituants sont les outils ultimes qui peuvent aider à perfectionner les machines, élevant leur degré de flexibilité et de précision au-delà des attentes. Certains fabricants de têtes d'impression comme Mouvent (Groupe Bobst) ont recours à l'impression 3D pour intégrer tous les composants dans un espace réduit de la manière la plus fine. Ils parviennent ainsi à mettre au point des blocs de têtes compacts, convenant pour les applications les plus diverses. Presque aussi simple qu'un jeu de Lego! Les technologies contigües accélèrent véritablement le développement continu du jet d'encre, procédé lui-même inventé voici de nombreuses années déjà. Les nouveaux algorithmes aident les constructeurs de presses numériques dans la recherche de buses défaillantes, la détection de bulles d'air dans le réservoir d'encre de la tête, le maintien d'un taux d'éjection constant en rapport avec la finesse de chaque gouttelette, ou la correction du tir à la volée par déviation du jet adjacent en remplacement du jet manquant, etc. On peut ainsi dire d'une certaine manière que l'intelligence artificielle contribue à gommer les imperfections de l'ingénierie des têtes. Le concept récent d'Industrie 4.0 - qui fait référence à des machines bardées de capteurs et connectées sans fil à un système capable de visualiser l'ensemble de la ligne de production pour prendre des décisions par lui-même - est très proche des principes du jet d'encre. Avec des presses embarquant jusqu'à 12 couleurs et des tailles de gouttelettes pouvant varier d'un facteur 10, toutes les couleurs du spectre sont imprimables. Ce n'est plus l'oeil humain qui juge et compare l'original et sa reproduction imprimée, mais le système qui applique ses propres référents. Les annonces récentes de Landa, qui dit approcher des 97% du nuancier Pantone et prétend ainsi reléguer les tons directs aux oubliettes, préparent le terrain pour la drupa 2020, dont nous attendons tous que les presses jet d'encre soient les grandes vedettes. La technologie DigiColor annoncée dernièrement par BOBST laisse elle aussi présager du déclin des couleurs d'accompagnement. Autant de signes avant-coureurs qui raviront les marques et donneurs d'ordres, soulagés de s'affranchir désormais de l'humeur et de la subjectivité d'un conducteur de presse. Le procédé jet d'encre convient potentiellement pour imprimer sur pratiquement n'importe quel support - des textiles aux matériaux d'emballage en passant par l'impression directe sur des objets tridimensionnels (direct-to-shape). La technologie n'a pas encore mis sa marque sur tout ce qui s'imprime actuellement, mais il ne fait aucun doute qu'elle continuera d'évoluer. Dans certains domaines, comme l'ennoblissement par exemple, elle est encore balbutiante, mais des entreprises comme MGI, KURZ ou SCODIX ouvrent de nouvelles perspectives, et nous n'en sommes qu'au début. Le jet d'encre est vu de plus en plus comme un moteur d'évolution des techniques d'impression, laquelle rend possible l'utilisation de matériaux de plus en plus complexes. La nature sans contact du procédé lui ouvre une multitude de nouveaux marchés comme ceux du verre, de la céramique (carrelages) et même des circuits imprimés. Gageons que ces nouvelles applications seront à l'honneur à la drupa 2020. Le slogan "Embrace the future" devrait peut-être plus précisément se traduire par "Embrassez l'avenir... du jet d'encre". Place aux innovations disruptives! Je m'attends à voir exposés à la drupa des livres imprimés en numérique avec de la réalité augmentée et de l'électronique imprimée, des emballages connectés, des fonctionnalités de sécurité de pointe à tous les maillons de la chaîne d'approvisionnement, des tissus intégrant des capteurs de santé (tension artérielle, déshydratation, etc.). Les marques et leurs agences attendent - exigent même - davantage de personnalisation et de possibilités de customisation en bout de ligne. Toutes souhaitent que le packaging soit le produit. Certains grands acteurs comme Philip Morris International (PMI) voudraient voir l'impression numérique au coeur de la production de leurs emballages. Avec le numérique, chaque unité de conditionnement peut être unique, et prête en 7 jours plutôt que 18 mois, ainsi que l'a revendiqué dernièrement l'entreprise. Alors que les données s'imposent comme la colonne vertébrale de l'Industrie 4.0, l'impression numérique et le jet d'encre vont pouvoir, par nature, se plier à cette nouvelle réalité. Pour que tout ce qui s'imprime puisse à la fois être identique mais en même temps différent. Beaucoup prétendent que le frein au déploiement du jet d'encre est le prix de l'encre. Aujourd'hui, la recherche nécessaire à la conception de nouvelles encres requiert des investissements permanents de la part des fabricants, en particulier du fait que les têtes d'impression évoluent constamment et ont donc besoin de formulations adaptées. S'il est effectivement vrai que le développement des encres est plus coûteux pour le jet d'encre que pour l'offset ou la flexo, le jet d'encre finira avec le temps par devenir plus abordable. Une fois que son volume de production aura dépassé celui de l'offset, la parité en termes de coûts d'encres pourrait même être atteinte. L'accélération de l'adoption du jet d'encre s'explique aussi du fait que la technologie peut être sur base aqueuse, avec tous les avantages qui en découlent pour l'environnement. Dans le domaine du carton ondulé, HP revendique haut et fort la dimension écoresponsable de ses encres, en particulier pour l'impression d'emballages alimentaires. D'autres vont emprunter cette voie des encres à l'eau, ainsi que l'a notamment montré le groupe Bobst à Labelexpo 2020, avec sa presse à étiquettes Mouvent pouvant atteindre les 100 m/min. Comme je l'écrivais en introduction, la drupa 2020 devrait embrasser le jet d'encre comme jamais auparavant. Le procédé est relativement jeune et en plein développement ; les innovations présentes et à venir vont en faire la technologie dominante dans toutes les principales applications de l'impression et même au-delà. Alors, tout en préparant votre visite à la drupa de Düsseldorf, gardez l'esprit ouvert et soyez particulièrement attentif à des choses qui n'étaient pas jusqu'ici réputées possibles. Elles seront la norme bientôt!