Qu'on ne conclue pas de leur absence de la Labelexpo Americas 2022 que les presses flexographiques sont en passe de disparaître de l'industrie de l'étiquette. Elles restent la technologie dominante, observe l'analyste de marché David Zwang dans le rapport Future of Flexo to 2027 qu'il a rédigé pour Smithers: "On s'attend à ce que le point où presses numériques et flexographiques s'équivaudront en termes de valeur pour l'industrie de l'étiquette soit atteint aux alentours de 2027. Mais si nous examinons les volumes qu'elles produisent, les rapports d'ici cinq ans seront toujours de 3 pour 1 en faveur de la flexo."
...

Qu'on ne conclue pas de leur absence de la Labelexpo Americas 2022 que les presses flexographiques sont en passe de disparaître de l'industrie de l'étiquette. Elles restent la technologie dominante, observe l'analyste de marché David Zwang dans le rapport Future of Flexo to 2027 qu'il a rédigé pour Smithers: "On s'attend à ce que le point où presses numériques et flexographiques s'équivaudront en termes de valeur pour l'industrie de l'étiquette soit atteint aux alentours de 2027. Mais si nous examinons les volumes qu'elles produisent, les rapports d'ici cinq ans seront toujours de 3 pour 1 en faveur de la flexo." Les producteurs connus de technologies numériques ne sont certainement pas les seuls à avoir le marché de l'étiquette dans le collimateur. Les fabricants de presses à étiquettes conventionnelles embrassent toujours plus ostensiblement les possibilités du numérique. Ils équipent d'ores et déjà leurs machines "hybrides" de têtes jet d'encre et développent également des presses intégralement numériques par leurs propres moyens ou dans le cadre de partenariats. Un bel exemple en est BOBST (qui n'avait, soit dit en passant, pas de stand à la Labelexpo américaine), qui a lancé cette année sa série "Digital Master". Ces presses jet d'encre modulaire offrant une largeur de 340 ou 510 mm avec un choix de quatre ou six couleurs, plus encore le blanc en option, sont appelées à combler le fossé entre le "numérique traditionnel" (en polychromie) et la flexo. À noter qu'il est aussi possible d'intégrer un module de flexographie à la presse Digital Master. Par exemple, pour l'impression d'encres spéciales ou la pose d'un vernis. L'ennoblissement et la suite du façonnage s'effectuent aussi directement en ligne, de sorte que l'on peut parler d'un concept "tout en un". D'autres acteurs "conventionnels" qui jouent résolument la carte du numérique sont Mark Andy, Durst et Gallus, lesquels ont profité de la Labelexpo de septembre pour montrer où ils en sont. Ce qui veut dire pour Mark Andy, la déjà troisième génération de sa presse à étiquettes à toner. La Digital Pro Max, qui embarque cette fois encore une technologie d'impression de Konica Minolta, possède une station supplémentaire (en plus des CMJN) pour le toner blanc, ce qui lui permet d'imprimer aussi sur des supports transparents ou métallisés. Mark Andy dit avoir installé plus de 300 presses numériques ("Digital One" et "DPro") ces dernières années. Et le constructeur a encore d'autres fers au feu: une presse hybride a été codéveloppée avec Domino. Cette "Digital Series iQ" est construite sur la plate-forme flexo Evolution de Mark Andy et elle est équipée d'une unité jet d'encre pour un maximum de sept couleurs (à savoir, les CMJN, plus l'orange, le violet et le blanc). Durst a débarqué à Chicago avec des démonstrations de deux presses numériques/hybrides sur son stand: les Tau RSCi et Tau 330 RSC E. La première de ces machines, qui a déjà fait ses débuts à Bruxelles en 2019, peut aussi être dotée d'une fonction "double blanc". De quoi augmenter la productivité à 80 m/min. Pendant Labelexpo Americas, la Tau RSCi a été utilisée non seulement pour l'impression d'étiquettes de canettes de bière sur film rétractable, mais aussi pour la production d'étiquettes moulées (IML). Encore une première. Le marché des IML offre des possibilités de croissance intéressantes aux imprimeurs d'étiquettes, assure Durst. Voici trois ans d'ici, la presse hybride Labelfire 340 attirait encore tous les regards sur le stand de Gallus à la Labelexpo. Destinée au segment haut de gamme, celle-ci comporte une unité jet d'encre centrale (à technologie Fujifilm) pouvant être associée - à volonté - à des modules de flexographie, d'ennoblissement et de façonnage. Gallus, filiale d'Heidelberg, a entre-temps pris goût à la chose, au point d'annoncer à Chicago l'avènement d'une nouvelle presse à étiquettes Gallus One. Cette jet d'encre CMJN (plus éventuellement le blanc) pourra atteindre une cadence maximale de 70 m/min. Elle a été conçue pour offrir une alternative abordable au marché, avec un coût total de possession (TCO) intéressant, promet Gallus. La Gallus One n'était pas visible au salon - le prototype est toujours en phase d'essai - mais elle devrait sortir sur le marché en avril 2023. De quoi, dit le fabricant, "marquer le début d'une nouvelle ère pour Gallus et Heidelberg". Cette machine, basée sur la plate-forme Labelmaster existante de Gallus, atteste en outre que l'impression numérique reste "une technologie importante pour Heidelberg". L'aspect numérique de la Gallus One ne se cantonne pas au procédé jet d'encre: la machine est aussi directement connectée au Cloud. Ce qui permet aussi de la surveiller et de la piloter à distance, par le logiciel de gestion du flux de production Prinect d'Heidelberg. Le fabricant parle dès lors d'un "écosystème", au sein duquel la nouvelle presse opère. Un terme utilisé par d'autres également. Les presses numériques de Durst forment aussi un tel "écosystème" avec le portefeuille logiciel Durst Workflow et Durst Analytics. Mark Andy a, de son côté, lancé une plate-forme Cloud appelée "sMArt link". Et chez BOBST non plus, le concept "All-in-One" ne se limite pas à la presse, mais recouvre le processus complet. Comme le formule ce fabricant: "Labelexpo Americas 2022 marque le moment où nous ne parlerons plus 'd'impression d'étiquettes', mais de 'production d'étiquettes'." Les grands noms du monde de l'impression ne manquaient naturellement pas à l'appel de cette Labelexpo. Xeikon montrait aussi bien du jet d'encre (sur la presse UV Panther PX3300) que du toner (sur la Cheetah CX500). Cette dernière utilisait le toner spécial Titon, thermorésistant et sûr du point de vue alimentaire, pour applications sur emballages en papier. Chez Konica Minolta, l'AccurioLabel 400 faisait ses débuts américains. Cette presse toner cinq couleurs sortira officiellement sur le marché au début 2023. À noter que cette même machine est aussi à la base de la Digital Pro Max de Mark Andy. Et ce n'est pas tout. À Chicago, Konica Minolta a donné un aperçu de la PKG-1300, une presse jet d'encre à encres aqueuses destinée à l'impression d'emballages sur supports couchés et non couchés. Domino aussi avait une primeur à présenter: la nouvelle N730i sept couleurs est la première presse à étiquettes embarquant les têtes jet d'encre Bitstar de Brother. HP Indigo passe depuis des années pour être le chef de file du segment numérique dans l'industrie des étiquettes. Une primauté que l'entreprise entend bien conserver: elle a ainsi développé une plate-forme totalement nouvelle appelée à constituer l'assise des machines futures. Première presse basée sur cette nouvelle plate-forme, la HP Indigo V12 a été présentée au grand public à Chicago. La différence la plus notable d'avec la génération actuelle d'HP Indigo réside dans l'application d'une longue bande-blanchet, en remplacement du cylindre central traditionnellement utilisé pour reporter l'image sur le support. Ce qui, en combinaison avec la technologie LEPx perfectionnée, améliore sensiblement à la fois la qualité et la vitesse de la HP Indigo V12, dit le fabricant. Après avoir dû patienter pendant trois ans, plus de 13 000 visiteurs ont de nouveau afflué à la Labelexpo de Chicago en septembre dernier. Et ils sont restés un peu plus longtemps sur place que lors de la précédente édition américaine en 2018: deux journées complètes (au lieu de 1,8 jour), tant il y avait à voir. Outre l'absence des presses flexo et une kyrielle de nouveautés, débuts et annonces dans le domaine du numérique, ils n'auront certainement pas pu non plus passer à côté de l'essor des techniques d'ennoblissement digital. Le développement de coatings, films et lasers spéciaux rend de plus en plus de choses possibles sur les machines à commande électronique. Avec l'intégration de cette technologie sur les presses numériques, le concept "d'hybride" s'enrichit indubitablement d'une signification nouvelle.