La rapide transformation du secteur graphique n'épargne pas les établissements d'enseignement supérieur. L'un des baccalauréats les plus connus en Flandre pour la filière graphique est dispensé sur le campus de Mariakerke de l'Arteveldehogeschool. Cette implantation accueille également l'Institut libre d'enseignement secondaire VISO, la plus grande école graphique de Flandre, où les étudiants peuvent suivre l'orientation Communication et médias graphiques. À partir de l'année académique 2023-2024, l'Arteveldehogeschool propose un programme d'études "Print Media Technology" totalement remanié au sein des trois années du baccalauréat en "Médias graphiques et numériques". La Haute école entend encourager les jeunes talents à se tourner en masse vers le secteur, car les emplois sont là et l'industrie s'arrache désespérément les rares profils qui sortent de cette filière. Nouvelles graphiques a évoqué le comment et le pourquoi de ce cursus renouvelé avec Maaike Callens, coordinatrice de l'orientation et chargée du programme de cours, Mark Verbeke, directeur du programme d'études Médias graphiques et numériques, et Bart Calis, enseignant, chercheur et responsable du domaine d'études Print.
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La rapide transformation du secteur graphique n'épargne pas les établissements d'enseignement supérieur. L'un des baccalauréats les plus connus en Flandre pour la filière graphique est dispensé sur le campus de Mariakerke de l'Arteveldehogeschool. Cette implantation accueille également l'Institut libre d'enseignement secondaire VISO, la plus grande école graphique de Flandre, où les étudiants peuvent suivre l'orientation Communication et médias graphiques. À partir de l'année académique 2023-2024, l'Arteveldehogeschool propose un programme d'études "Print Media Technology" totalement remanié au sein des trois années du baccalauréat en "Médias graphiques et numériques". La Haute école entend encourager les jeunes talents à se tourner en masse vers le secteur, car les emplois sont là et l'industrie s'arrache désespérément les rares profils qui sortent de cette filière. Nouvelles graphiques a évoqué le comment et le pourquoi de ce cursus renouvelé avec Maaike Callens, coordinatrice de l'orientation et chargée du programme de cours, Mark Verbeke, directeur du programme d'études Médias graphiques et numériques, et Bart Calis, enseignant, chercheur et responsable du domaine d'études Print. À quoi ressemble la nouvelle mineure ; qu'est-ce qui va changer concrètement? BART CALIS. "Auparavant, les études graphiques étaient toutes axées sur l'offset feuille, qui était d'ailleurs aussi le principal segment. Le secteur est beaucoup plus diversifié aujourd'hui. Nous orientons le programme d'études sur quatre pôles: Print, Packaging, Sign et 3D. Notre volonté est de former des innovateurs dans ces quatre domaines. "Print" concerne tout ce qui est imprimé généraliste, avec un accent mis sur le processus de production numérique. Notre but n'est pas de former les étudiants aux techniques d'hier ou d'aujourd'hui, mais de les préparer pour demain. On imprime moins qu'avant, mais la qualité est meilleure, ce qui rend la chose technologiquement plus complexe. "Packaging" décline des thèmes tels que la conception structurelle, le prototypage et l'écoconception. Le monde de la signalétique est actuellement florissant ; tout s'imprime désormais. Songeons aux très sensationnels décors de Tomorrowland, par exemple. "Sign" s'intéresse à l'impression grand format, à la réalisation de présentoirs et aux applications décoratives et événementielles. Le quatrième pilier est celui de la 3D, avec des lignes d'apprentissage autour de la modélisation 3D, de la numérisation, de l'impression 3D et des nouvelles technologies comme les réalités augmentée et virtuelle." D'où vient cette nouvelle approche? MAAIKE CALLENS. "Le programme d'enseignement remanié entend créer une nouvelle dynamique. Le profil du cursus est clair: à la fois créatif et technologique." MARK VERBEKE. "Ce bachelier est professionnalisant, c'est-à-dire que les diplômés doivent être créatifs, pouvoir développer des concepts et travailler de manière orientée client avec les nouvelles technologies d'aujourd'hui et de demain. Ils seront amenés à diriger une équipe et devront traduire les besoins du client en processus de production effectif." Pourquoi les étudiants devraient-ils choisir la nouvelle mineure? VERBEKE. "Nous rendons cette option intéressante pour les étudiants. Dès la première semaine, la moitié des crédits de ce programme d'études vont à la majeure choisie. L'autre moitié est consacrée aux compétences de base, comme l'esprit d'entreprise, les aperçus théoriques, la déontologie, les logiciels, apprendre à se connaître en tant que professionnel, la communication bienveillante, etc. Cela motive les étudiants et leur permet de voir immédiatement si leur choix correspond à leurs talents et à leurs centres d'intérêt. Dans le cas contraire, ils peuvent se réorienter rapidement vers une discipline qui leur convient mieux. Ainsi, ils ne gaspillent pas leur temps d'étude. Une approche efficace et rationnelle." CALLENS. "Pour les étudiants, la pertinence de certains contenus devient ainsi beaucoup plus claire dès le début. Nous balisons d'emblée le terrain." CALIS. "Cette réorientation est nécessaire, car le secteur est confronté à un problème de perception. Tous les programmes d'études sont axés sur l'étudiant en technologie. De nombreux cours créatifs ont été ajoutés autour de la digitalisation, de l'intelligence artificielle, du développement de jeux vidéo, etc. Beaucoup de jeunes voient le secteur graphique comme une industrie obsolète. Ils n'ont aucune envie de travailler dans une imprimerie. Le nouveau programme d'études est une manière de casser cette perception. Nous sommes totalement dans la ligne de ce que Febelgra veut faire avec "Les impressionneurs". Nous y sommes prêts avec notre nouveau programme." L'Arteveldehogeschool se positionne-t-elle ainsi en pointe dans le paysage académique flamand? VERBEKE. "La tendance dans l'enseignement supérieur est d'évoluer vers des cours plus orientés labo avec un apprentissage en espace ouvert. Il s'agit de pouvoir décider soi-même, d'avoir à résoudre des tâches complexes et d'apprendre le contenu et les compétences nécessaires en fonction de cela. Nous avons sciemment retenu un nombre restreint de matières: six par majeure et par semestre (lire aussi l'encadré). Cela reste assez limité, simple à organiser, et laisse suffisamment de marge en matière de crédits pour développer des lignes d'apprentissage complexes au sein de ces branches.". Où est placée la barre de vos ambitions? Combien d'étudiants souhaitez-vous attirer avec "Print Media Technology"? VERBEKE. "L'orientation Print devait être redessinée. La base existe à présent pour mieux la profiler. La première promotion doit encore sortir ; ils pourront alors être les ambassadeurs de ce cycle. Nous visons à terme une centaine d'étudiants sur les trois ans. Nous aimerions commencer en septembre avec une trentaine en première année, puis augmenter doucement ce nombre au fil des ans. Quand un programme de cours a du succès, il se répand rapidement." Quid des débouchés d'emploi pour les diplômés? CALIS. "Je viens de l'industrie, où on pleure après les jeunes talents. Le secteur est en proie au vieillissement. Cette région est un creuset d'entreprises graphiques, avec des fabricants d'emballages, des spécialistes du logiciel, des prestataires prépresse, des imprimeries de production, etc. Le nouveau profil est calqué sur les besoins du secteur." CALLENS. "Les besoins aujourd'hui sont importants. Les entreprises ne trouvent plus de personnel qualifié ; elles doivent se débrouiller avec des personnes intéressées et les former elles-mêmes en interne." VERBEKE. "L'emploi est une facette importante de l'histoire. L'option "Print Media Technology" offre de nombreuses possibilités d'emplois pérennes. Des jobs passionnants dans lesquels on peut se déployer et évoluer. C'est ce qui rend ces études intéressantes. On y est formé dans une discipline offrant un vaste choix d'emplois qui évoluent très vite. C'est pourquoi nous collaborons structurellement avec différents partenaires. L'objectif n'est pas d'enseigner toutes les matières sur le campus. Nous avons beaucoup de technologies, mais pas tout. Nous allons essayer de localiser des cours chez des partenaires afin que les étudiants puissent aller apprendre certaines choses sur place." Parle-t-on ici de stages et de mémoires? CALIS. "Le terrain est impliqué dans chaque module. Que ce soit une visite d'entreprise, un travail personnel, une évaluation ou un invité." CALLENS. "Nous travaillons avec un comité de conseil en orientation, que nous consultons récemment. Des experts d'entreprises telles qu'Esko, Hybrid Software ou CHILI Publish y siègent. Nous voulons encore renforcer la collaboration avec le terrain à l'avenir." VERBEKE. "Beaucoup de nos chargés de cours travaillent aussi en entreprise. C'est ce qui fait la force de ces études. Ils sont en contact avec les nouvelles tendances et les derniers développements, ce qui leur permet de dispenser un enseignement up-to-date." Dans le programme, je relève deux blocs "Digital Experience". À quoi les étudiants peuvent-ils s'attendre? CALIS. "Le nouveau programme d'études couvre un champ très large. Avec de la créativité, de la technologie, de la 3D. Dans le cours "Digital Experience", nous voulons ajouter une couche numérique à l'imprimé. L'avenir réside dans la combinaison du print et du digital. On pourra, par exemple, scanner une page d'un livre de recettes pour visionner une vidéo sur son smartphone. À la demande du terrain, les étudiants apprennent aussi les bases des standards industriels actuels en matière de machine learning et d'intelligence artificielle. En deuxième année, ils savent fabriquer des présentoirs intégrant des capteurs interactifs. En troisième, ils peuvent dessiner en 3D. Au bout des trois années, ils sont capables d'utiliser des imprimantes et des tables de découpe ; ils peuvent programmer et fabriquer de beaux produits qui transcendent l'imprimé. Ils doivent pouvoir innover pour faire tomber les murs." VERBEKE. "Avec les options et les cours généraux où les étudiants se familiarisent avec différents domaines technologiques, nous veillons à ce qu'ils soient à même plus tard de communiquer avec leurs pairs. Pour pouvoir faire le lien entre les personnes impliquées dans un projet, entre les designers et la production. Ils doivent connaître les bases de tout et savoir ce qui est technologiquement réaliste et comment il y a lieu de s'y prendre." Quelle est la place de la pratique dans le nouveau programme d'étude? CALIS. "Nous allons moins faire la distinction entre les cours magistraux et la pratique, et davantage travailler avec des tâches intégrées, où les étudiants devront fabriquer un produit. Les enseignants leur dispenseront le savoir nécessaire au moment où ils en auront besoin." VERBEKE. "Il y a beaucoup de théorie - pensez, par exemple, à la gestion des couleurs - mais elle est abordée en fonction des produits à réaliser. La théorie reste nécessaire pour produire de la qualité. Si ce n'est qu'elle est intégrée de manière plus pertinente dans le processus. Nous incorporons la théorie dans une tâche à réaliser, et comme elle est immédiatement transposée dans la pratique, elle est mieux retenue. Les étudiants sont motivés, car ils en perçoivent mieux la pertinence, ce qui rend l'étude plus efficace et aussi plus agréable."