2 50 millions de chiffre d'affaires, 15 sites de production dans 11 pays d'Europe, 1 500 salariés et des clients dans 42 pays: voilà le bilan d'Abriso-Jiffy aujourd'hui. Que de chemin parcouru pour une entreprise qui était au bord de la faillite voici sept ans. Alors société soeur du Groupe Deceuninck, ce fabricant de matériaux d'emballage et d'isolation n'avait pu compter sur l'attention et les moyens nécessaires pour continuer à consolider sa position sur le marché. "Une bien triste affaire, parce que notre parcours jusque-là avait été impressionnant", dit Jan Dejonghe, l'actuel CEO. "Entre 2007 et 2012, Bubble & Foam - nom d'origine d'Abriso-Jiffy - avait lancé des sites de production en Slovaquie, Pologne, Hongrie, Roumanie et Ukraine. C'est alors que le robinet des capitaux s'est tari, menaçant d'anéantir tout le travail accompli jusque-là. Pour éviter cette extrémité, nous avons décidé de proposer un buy-out. La famille Deceuninck pouvait s'y retrouver, si bien que l'entreprise est tombée dans le giron du management local en 2013."
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2 50 millions de chiffre d'affaires, 15 sites de production dans 11 pays d'Europe, 1 500 salariés et des clients dans 42 pays: voilà le bilan d'Abriso-Jiffy aujourd'hui. Que de chemin parcouru pour une entreprise qui était au bord de la faillite voici sept ans. Alors société soeur du Groupe Deceuninck, ce fabricant de matériaux d'emballage et d'isolation n'avait pu compter sur l'attention et les moyens nécessaires pour continuer à consolider sa position sur le marché. "Une bien triste affaire, parce que notre parcours jusque-là avait été impressionnant", dit Jan Dejonghe, l'actuel CEO. "Entre 2007 et 2012, Bubble & Foam - nom d'origine d'Abriso-Jiffy - avait lancé des sites de production en Slovaquie, Pologne, Hongrie, Roumanie et Ukraine. C'est alors que le robinet des capitaux s'est tari, menaçant d'anéantir tout le travail accompli jusque-là. Pour éviter cette extrémité, nous avons décidé de proposer un buy-out. La famille Deceuninck pouvait s'y retrouver, si bien que l'entreprise est tombée dans le giron du management local en 2013." Le rachat par les cadres fut le coup d'envoi d'une période particulièrement florissante. L'entreprise avait entre-temps été rebaptisée Abriso, contraction d'Abri (abriter) et Iso (isoler). "Ce nom nous a semblé bien résumer notre activité", dit Dejonghe. "Depuis la fondation de la société en 1985, le coeur de métier est resté inchangé: nous extrudons du polyéthylène (PE) et du polystyrène (PS). Nous fabriquons à partir de cette matière tout un éventail de produits pouvant être répartis en deux catégories. Avec d'un côté, les matériaux de construction, comme les mousses techniques, les sous-couches de sol et les panneaux d'isolation. Et de l'autre, notre large gamme de matériaux protecteurs pour l'emballage. On pense aux films à bulles d'air ou aux feuilles et profilés en mousse. Ces deux catégories représentent la moitié de notre chiffre d'affaires. Avec une nuance de taille. Car si nous ne sommes qu'un acteur parmi d'autres sur le marché des matériaux d'isolation, nous dominons le segment des éléments protecteurs d'emballage. D'autant que avons racheté l'an dernier notre principal concurrent, Jiffy." Cette acquisition témoigne d'un esprit d'entreprise audacieux. Faire offre de reprise à son concurrent direct demande en effet un certain toupet. Surtout quand il est plus gros que vous et, de plus, pas du tout à vendre. "Jiffy est américain à l'origine", explique Dejonghe. "Les propriétaires avaient décidé de se défaire des sites européens en 2012. Une intégration avec notre entreprise semblait l'étape la plus logique, mais Abriso n'avait pas la capacité financière requise à ce moment-là. Tant et si bien que le volet européen fut finalement repris par un concurrent italien. Toute cette histoire a néanmoins semé la graine d'où allait germer l'idée de notre buy-out. Nous étions convaincus que la consolidation était une étape nécessaire pour un avenir serein. La mise en commun de nos savoir-faire respectifs nous aurait donné une énorme avance sur le reste de la concurrence. En même temps, l'avantage du volume aurait pu jouer pour l'achat des matières premières. Ce qui est particulièrement intéressant car les tarifs fluctuent fortement tout au long de l'année, alors que le fabricant doit malgré tout maintenir des prix de vente constants. Le rachat de Jiffy nous a en outre permis de combler un hiatus majeur dans notre activité: l'extrusion du polypropylène (PP). Aussi sommes-nous allés déployer un lobbying intensif auprès des Italiens immédiatement après le buy-out. Après que le fonds d'investissement Bencis Capital Partners eut repris une partie des parts d'Abriso, nous avons eu toutes les cartes en main pour emporter l'affaire. La lutte fut malgré tout de longue haleine. Mais au final, nous avons gagné la partie et nous avons pu racheter Jiffy l'an dernier." La fusion d'Abriso et de Jiffy a changé la donne pour l'ensemble du secteur. Au final, l'acquisition s'est en effet révélée une opération 1+1=3. Explication de Dejonghe: "L'image du 'plastique' ne va pas en s'améliorant. La circularité est selon nous la seule manière d'inverser la tendance. Aussi avons-nous décidé voici plusieurs années déjà de réutiliser un maximum de PE et de PS. Ce qui n'a rien de bien compliqué en soi: il suffit de hacher les plastiques en petits morceaux. Ceux-ci sont ensuite fondus et de nouveau transformés en granulats. L'investissement est minime et ce flux supplémentaire n'exige que peu de place. Le gros défi est la logistique. Transporter des déchets plastiques coûte cher eu égard à un rapport volume/valeur peu intéressant. Idem d'ailleurs pour la livraison de nos produits. Aussi avons-nous toujours privilégié une stratégie de présence locale. Autrement dit, nous choisissons de construire nos usines à proximité de nos principaux clients. Cette stratégie a malheureusement ses limites: difficile d'avoir un site de production dans chaque pays. Mais grâce au rachat de Jiffy, nous avons pu accomplir un sérieux pas en avant dans cette direction. Notre portefeuille s'est enrichi d'un seul coup de huit usines dans huit pays." Ces usines supplémentaires ont contribué à créer un cadre plus favorable pour la circularité. Ce qui a fait naître chez Abriso-Jiffy l'idée de mettre en oeuvre un concept de recyclage. "Nous voulons motiver les clients à trier leurs déchets pour pouvoir en organiser la collecte sélective", explique Dejonghe. "Nous installons des déchiqueteurs chez les plus gros donneurs d'ordres ou au voisinage d'un groupe de clients, toujours dans le but de réduire l'empreinte carbone du transport. Nous expérimentons aussi avec des unités mobiles: à savoir, des déchiqueteurs montés sur camion. Le concept devrait, selon nous, mener à relativement court terme à ce qu'une grande partie de nos produits puissent être fabriqués à partir de 100% de matières recyclées. Nous faisons ainsi d'une pierre deux coups. D'un côté, nous apportons notre contribution à la préservation de l'environnement. De l'autre, notre matière première pourrait bien nous revenir un jour moins cher que du 'plastique vierge'. Ou à tout le moins offrir davantage de stabilité que les prix fortement fluctuants auxquels nous sommes en permanence confrontés." Le problème numéro un avec les PP, PE et PS recyclés est la couleur: le plastique totalement transparent appartient au passé et des nuances de couleurs sont inévitables. "Si l'on mélange tous les coloris, on obtient un granulat à la dominante verdâtre", poursuit Dejonghe. "Nous militons pour faire du vert la couleur standard au sein du secteur des protections d'emballage. S'il ne tenait qu'à nous, tous les films à bulles transparents seraient remplacés par du vert. La teinte de nos produits n'a en effet aucune incidence sur leur fonctionnalité. Qui plus est, le vert est rapidement associé à l'idée d'environnement. Cette couleur a donc tout pour nous plaire. Au point que nous lancerons cette année une toute nouvelle gamme de matériaux de protection verts - au sens propre comme au figuré: 'Ocean Green'". Cet assortiment "Ocean Green " devrait comporter une version " circulaire" de la quasi-totalité des produits Abriso-Jiffy existants d'ici deux ans. "La gamme sera entièrement fabriquée à partir de 100% de PE, PP ou PS recyclé", souligne Dejonghe. "Nous avons construit dans ce cadre un centre d'innovation en Pologne où est concentrée toute la recherche-développement autour d'Ocean Green. Bref, nous avons tous les outils en main pour encore renforcer notre position de faiseur de tendances européen. Mais nous ne nous reposons pas pour autant sur nos lauriers, bien au contraire. Ainsi avons-nous créé dernièrement une plate-forme Buy & Build à travers laquelle nous entendons consolider encore le secteur. Notre ambition est en effet d'être un acteur de tout premier plan, appelé à devenir le numéro un absolu des matériaux de protection pour emballages. Certainement au niveau européen, et peut-être même sur le plan mondial.