Brecht Grieten (38 ans) aime évoluer à l'interface de la politique, de la société et de l'entrepreneuriat. Nouvelles Graphiques l'a rencontré au lendemain du "Prinsjesdag". Chaque année, en ce "troisième mardi de septembre", le gouvernement néerlandais fait sa déclaration de politique générale. Concrètement, le Souverain prononce le Discours du Trône, dans lequel le cabinet dévoile ses grandes orientations, après quoi le Ministre des Finances présente le projet de budget de l'État pour l'année à venir dans la "Miljoenennota". Grieten a suivi l'évènement avec beaucoup d'intérêt: "On en espère des perspectives, susceptibles d'offrir quelques repères en ces temps incertains." Mais il est resté sur sa faim, dit-il: "Du point de vue de la KVGO, l'effet fut plutôt celui d'une douche froide."
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Brecht Grieten (38 ans) aime évoluer à l'interface de la politique, de la société et de l'entrepreneuriat. Nouvelles Graphiques l'a rencontré au lendemain du "Prinsjesdag". Chaque année, en ce "troisième mardi de septembre", le gouvernement néerlandais fait sa déclaration de politique générale. Concrètement, le Souverain prononce le Discours du Trône, dans lequel le cabinet dévoile ses grandes orientations, après quoi le Ministre des Finances présente le projet de budget de l'État pour l'année à venir dans la "Miljoenennota". Grieten a suivi l'évènement avec beaucoup d'intérêt: "On en espère des perspectives, susceptibles d'offrir quelques repères en ces temps incertains." Mais il est resté sur sa faim, dit-il: "Du point de vue de la KVGO, l'effet fut plutôt celui d'une douche froide." Le grand sujet de préoccupation du secteur graphique à l'heure actuelle est surtout la hausse affolante des coûts de l'énergie -- et l'absence de mesures gouvernementales visant à la contrer. À l'approche du Prinsjesdag, vingt fédérations professionnelles de l'industrie manufacturière, dont la KVGO, ont mené campagne dans les médias (sociaux) dans le but de "mettre encore plus la pression". Sous le slogan (et hashtag) #laathetonsblijvenmaken, les politiques étaient instamment invités à prendre conscience de la situation dramatique des entreprises énergo-intensives et du besoin urgent de prendre des mesures. Brecht Grieten s'était lui-même mis autour de la table avec les différentes parties et les employeurs de la VNO-NCW pour élaborer la campagne: "Nous devons non seulement faire du lobbying en coulisses, mais aussi oser des actions plus visibles là où cela est nécessaire. Nous devons être la voix de nos entrepreneurs et le visage de notre secteur." Le lobbyisme, Grieten connaît d'expérience: il a commencé sa carrière par la politique en 2006 en entrant au CD&V, le parti démocrate-chrétien flamand. En 2010, il est devenu président de la locale CD&V de Tessenderlo, dans le Limbourg, et plus tard, coordinateur national pour le parti. "Je n'ai jamais été moi-même un politicien, mais je me suis essentiellement occupé dans l'ombre de la communication et des campagnes pour le parti. Le principal angle d'approche était: comment informer le citoyen et le convaincre du bien-fondé du message? L'époque était vraiment différente. Atteindre les 5 000 amis Facebook était encore un accomplissement." "Il y a dix ou quinze ans, les organisations de lobbying professionnelles se comptaient sur les doigts de la main", se souvient Grieten. "Aujourd'hui, n'importe quelle association ou fédération s'y entend à approcher le monde politique pour faire valoir ses intérêts." Un autre côté du spectre auquel il a pu entre-temps se familiariser. Avant son arrivée à la KVGO, il a été pendant cinq ans directeur adjoint de FOCWA, l'Union néerlandaise des entreprises de carrosserie. Il y a accumulé une solide expérience de la défense des intérêts des adhérents "au sein d'une branche d'activité complexe, diverse et en perpétuel changement." Un bagage qu'il entend mettre abondamment à contribution pour, comme il le formule lui-même: "faire de la KVGO une fédération encore plus forte et meilleure qui défend ses membres de manière optimale." Grieten à peine arrivé à la KVGO, la fédération s'était déjà en juillet assise à la table des négociations avec le ministre Rob Jetten (Climat et Énergie) pour exprimer les préoccupations du secteur graphique quant à la disponibilité et aux prix "exorbitants" du gaz, de l'électricité et des carburants. Ces inquiétudes n'ont pas été dissipées. Dans le scénario de concertation, le ministre avait proposé de débrancher temporairement du réseau les entreprises énergo-intensives telles que les papeteries, "avec naturellement des conséquences majeures pour l'ensemble du secteur". "Ce sont des débats importants qu'il faut aussi mener en tant qu'union professionnelle individuelle. Mais unir ses forces est certainement payant. Comme aujourd'hui avec l'alliance de vingt organisations sectorielles qui mènent une action commune en défense de l'industrie manufacturière. Nous tenons à présent des réunions hebdomadaires et force est de constater que nous avons plus de poids ensemble. Car depuis que la campagne a commencé, l'intérêt des entrepreneurs est clairement revenu à l'ordre du jour." Cette campagne commune reste absolument nécessaire, car les projets du gouvernement tels que présentés lors du Prinsjesdag ont laissé peu d'espoir au monde de l'entreprise. "Il est bon, naturellement, que des mesures de soutien soient prises en faveur des consommateurs qui n'arrivent plus à payer leur facture d'énergie. Ce qui constitue aussi indirectement une bonne nouvelle pour les PME, mais aucun régime compensatoire n'est encore envisagé pour les grandes entreprises. Le projet de budget de l'État prévoit même un alourdissement des charges: augmentation des salaires minimums, hausse de l'impôt des sociétés, etc." Cet alourdissement des charges vient s'ajouter aux défis auxquels les entrepreneurs graphiques sont déjà confrontés: hausse des coûts du papier et des plaques, crise énergétique, pénurie de personnel -- sans oublier qu'il va falloir commencer à rembourser les aides octroyées pendant la crise du coronavirus. "Entendons-nous bien: tout entrepreneur doit pouvoir composer avec une certaine part d'incertitude. Les entreprises graphiques que je visite et les entrepreneurs avec qui je discute montrent beaucoup de résilience. Mais il faut pouvoir se fier un minimum aux autorités et pas avoir le sentiment qu'elles vous mettent constamment des bâtons dans les roues. Le gouvernement néerlandais agit trop tard et offre trop peu de perspectives. On parle bien d'un train de mesures censé être prêt en novembre, mais on l'aurait naturellement attendu beaucoup plus tôt." Grieten compare la situation actuelle à celle d'il y a maintenant plus de deux ans: "Je ne vois plus la cohésion qui semblait régner quand la pandémie de coronavirus a éclaté. J'avais à l'époque le sentiment que nous allions résoudre la crise de concert avec le gouvernement. Il semble aujourd'hui que l'exécutif de La Haye ne comprenne pas bien ce qu'il se passe dans les entreprises. La réaction se situe beaucoup trop à l'échelle macroéconomique." L'inertie des autorités néerlandaises touche particulièrement le secteur graphique: "En tant que pays d'échange, les Pays-Bas figurent dans le tiercé de tête des exportateurs européens d'imprimés. Ce dont nous pouvons être fiers -- tout comme du fait que nos quelque 600 entreprises et leurs 11 000 salariés génèrent plus de 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel. D'où l'importance aussi de maintenir des conditions de concurrence équitables. Aujourd'hui, d'autres pays européens se montrent plus prompts à sortir leurs mesures de soutien, et le jeu menace d'être perturbé. La KVGO considère dès lors qu'il est de son devoir d'attirer l'attention sur ce danger au plus haut niveau." En ces temps agités, Brecht Grieten entend veiller à ce que la KVGO assure un maximum de soutien à ses adhérents. "La KVGO doit pouvoir offrir de la sérénité à ses membres. Nous devons figurer sous la touche Un dans les contacts téléphoniques de l'entrepreneur(e) et faire en sorte de toujours pouvoir répondre directement à sa question -- ou du moins la chercher. Nous devons aussi opérer en même temps comme une sorte de filtre: dans la masse énorme d'informations sur les entrepreneurs, que devez-vous vraiment savoir pour votre entreprise? À ce niveau, nous offrons beaucoup de valeur ajoutée." La KVGO doit en outre jouer un rôle pour changer la manière dont le secteur est perçu par le monde extérieur. "Pendant ma procédure de recrutement auprès de la KVGO, je me suis encore plus rendu compte à quel point l'imprimé est omniprésent dans notre vie quotidienne. Mais le cadre général s'y oppose souvent. Pourtant il offre aussi la possibilité de raconter une belle histoire: sur l'importance et l'impact de l'imprimé, sa dimension durable. Et certainement sur le savoir-faire qu'il exige: j'ai par exemple été choqué de voir à quel point le nombre d'inscriptions dans les orientations graphiques est peu élevé. Donc, j'ose déjà l'annoncer: la KVGO va prendre l'initiative pour faire évoluer cette perception." Une union professionnelle ne peut pas changer le marché, Grieten en a bien conscience. "La KVGO n'est pas le Ministère de l'imprimé. Mais en communiquant mieux, nous pouvons insuffler fierté et positivité. Une KVGO forte, agissant en étroite collaboration avec les parties prenantes, peut mettre ce mouvement en route et l'entretenir."