Une médaille a toujours deux faces. Fin 2020, Ikea annonçait la disparition - après 70 années de bons et loyaux services - de son catalogue papier qui a connu en 2016 un tirage record avec 200 millions d'exemplaires distribués dans 69 versions différentes, 32 langues et plus de 50 pays. Parmi les motifs invoqués figure bien évidemment le changement de comportement du consommateur qui achète de plus en plus souvent en ligne. Le confinement ayant indubitablement accéléré cette tendance, les producteurs de cartons et d'emballages pour le commerce B2C ont vu leurs commandes augmenter de manière significative, même si globalement les progrès enregistrés par ces derniers ne permettent pas de compenser les reculs subis par les premiers. C'est à la lumière de cette dualité qu'il convient d'examiner nos tableaux qui, rappelons-le, portent sur l'année 2020. Une année qui a vu, selon les chiffres avancés par Febelgra, les importations progresser plus rapidement que les exportations, à tel point que la balance du secteur se rapproche dangereusement de la ligne de flottaison. Par rapport à nos trois principaux partenaires commerciaux: les Pays-Bas, la France et l'Allemagne, cette dernière est pour 2020, négative. Mais comment peut-il en être autrement lorsque dans le Top 10 des salaires horaires ouvriers les plus élevés, récemment dressé par SD Worx, le métier d'imprimeur apparaît à la cinquième place derrière quatre fonctions toutes liées à la construction? Bref, le secteur de l'imprimerie a connu une nouvelle année difficile avec d'une manière généralisée, des chiffres d'affaires orientés à la baisse.
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Une médaille a toujours deux faces. Fin 2020, Ikea annonçait la disparition - après 70 années de bons et loyaux services - de son catalogue papier qui a connu en 2016 un tirage record avec 200 millions d'exemplaires distribués dans 69 versions différentes, 32 langues et plus de 50 pays. Parmi les motifs invoqués figure bien évidemment le changement de comportement du consommateur qui achète de plus en plus souvent en ligne. Le confinement ayant indubitablement accéléré cette tendance, les producteurs de cartons et d'emballages pour le commerce B2C ont vu leurs commandes augmenter de manière significative, même si globalement les progrès enregistrés par ces derniers ne permettent pas de compenser les reculs subis par les premiers. C'est à la lumière de cette dualité qu'il convient d'examiner nos tableaux qui, rappelons-le, portent sur l'année 2020. Une année qui a vu, selon les chiffres avancés par Febelgra, les importations progresser plus rapidement que les exportations, à tel point que la balance du secteur se rapproche dangereusement de la ligne de flottaison. Par rapport à nos trois principaux partenaires commerciaux: les Pays-Bas, la France et l'Allemagne, cette dernière est pour 2020, négative. Mais comment peut-il en être autrement lorsque dans le Top 10 des salaires horaires ouvriers les plus élevés, récemment dressé par SD Worx, le métier d'imprimeur apparaît à la cinquième place derrière quatre fonctions toutes liées à la construction? Bref, le secteur de l'imprimerie a connu une nouvelle année difficile avec d'une manière généralisée, des chiffres d'affaires orientés à la baisse. Parmi les grands du secteur, seul MCC Verstraete est parvenu à enregistrer une hausse significative de son chiffre. L'entreprise reprend ainsi, avec une progression de 12,7%, à Amcor Flexible Transpac la première place de notre classement selon le chiffre d'affaires. MCC Verstraete occupe, il est vrai, un créneau particulier, celui des in-mould labels (IML), c'est- à-dire des étiquettes moulées en même temps que l'emballage plastique, ce qui permet d'obtenir un emballage monomatériau recyclable. L'entreprise d'Adegem, qui est depuis novembre propriété du fonds d'investissement américain Clayton, Dubilier & Rice (CD&R), a vu dès le début de la pandémie son chiffre d'affaires exploser. La généralisation des quarantaines a en effet entraîné une modification du mode de consommation des ménages, ce qui s'est traduit par une individualisation des portions et dès lors, une augmentation des emballages IML. En mars dernier, Verstraete a pris pied en Australie avec l'acquisition du fabricant d'étiquettes moulée Herrods. Basé à Diest mais possédant également des sites de production en Turquie ainsi qu'en Tunisie, Ace Packaging qui livre annuellement quelque quatre milliards d'emballages à l'industrie alimentaire enregistre une augmentation du même ordre: 12%. ACE doit sa raison sociale à la première lettre de la société fondatrice (Alpagro) ainsi qu'à celles de deux sociétés absorbées par la suite: Corne à Wevelgem et Eurozak à Diest. Amcor Flexible Transpac, deuxième de notre classement, a vu son chiffre d'affaires 2020 stagner avant de repartir à la hausse. Pour l'exercice 2021, clôturé au 30 juin, la progression est en effet de 8%. Installée à Gand, l'entreprise accueillera un des deux nouveaux centres d'innovation que ce groupe, qui a réalisés en 2020 un chiffre d'affaires consolidé de 12,9 milliards de dollars, a décidé de construire dans le monde. Brady, troisième de notre classement a vu son chiffre d'affaires reculer de 7,6% et a absorbé en août 2020 sa filiale Transposafe spécialisée dans le scellage. Année après année, le nombre de chiffre d'affaires mentionné dans les comptes présentés sous forme abrégée diminue. La mention, il est vrai, en est facultative. L'exercice sous revue ne déroge pas à la règle. Dioss Print Solutions, la plus importante imprimerie sur plastique du pays qui affichait en 2019 un chiffre 6,5 millions d'euros, ne renseigne plus l'année suivante qu'une marge brute de 1,5 million d'euros. Actif dans le prépresse, Schawk mentionnait encore en 2019 un chiffre d'affaires de 7,4 millions d'euros. En 2020, il faut se contenter d'une marge brute (3,4 millions). Etc. Parfois, un chiffre d'affaires est mentionné dans le rapport de gestion. Par exemple, chez Euv Rmqc, une joint-venture entre le Japonais JSR et l'IMEC, spécialisée dans la production de résines pour la lithographie par ultraviolets, qui a réalisée en 2020 un chiffres d'affaires de 12 millions d'euros, Van Genechten Packaging, dont les revenus proviennent essentiellement de refacturations vers d'autres entités du groupe ou encore Kliemo ( 5,8 millions), un imprimeur indépendant récemment victime des débordements de la Vesdre. C'est la raison pour laquelle, notre classement général reprend depuis de nombreuses années, à défaut du chiffre d'affaires, celui de la marge brute réalisée et visualise cette dernière par un astérisque placé à côté du montant auquel il se rapporte. La première marge brute de notre classement est, dans ce contexte, celle de Vuye Flexible Packaging, une société du groupe Asteria dont le chiffre d'affaires a explosé depuis l'entrée en 2018 du fonds d'investissement belgo-néerlandais Waterland dans le capital du producteur d'étiquettes Accent. Avant cette intervention, Accent, basé à Gullegem en Flandre occidentale, réalisait un chiffre d'affaires de 20 millions d'euros. Dix-sept acquisitions plus tard, pour la plupart réalisées à l'étranger, Asteria tourne aux alentours des 170 millions d'euros et occupe quelque 850 personnes. Dans notre pays, le groupe chapeaute cinq entités: Accent, Orbo, Vuye, Diglinck et De Jonghe. La deuxième marge brute de notre classement est celle de Bredero, une imprimerie de Melle reprise en 2016 par les frères Eric et Luc De Coker (de l'imprimerie familiale anversoise Albe De Coker). D'une année à l'autre, trois grandes entreprises ont disparu. Printing Partners Brussel tout d'abord, dont les presses se sont arrêtées fin 2019 déjà suite à la décision de Mediahuis de regrouper l'impression de ses journaux à Paal-Beringen, en Limbourg. Un an plus tard, l'entreprise bruxelloise, qui n'occupait plus que trois personnes, a été absorbée par sa société-soeur Printing Partners Paal-Beringen. Le mouscronnois Lesaffre, racheté en 2018, a été absorbé par Delabie et Campi Press, dont le chiffre d'affaires 2020 était tombé à 2,5 millions d'euros, a fusionné avec Campi Productie. A un niveau moins élevé, relevons la disparition de Drukkerij Schaubroek absorbé par Graphius, et celle de DV3 fusionné avec Daddy Kate. Disparition toujours mais hors tableau dans la mesure où les imprimeries intégrées au sein de grands groupes ne s'y trouvent pas reprises. Fin 2021, DPG Media annonçait la fermeture de son Eco Print Center de Lokeren où sont notamment imprimés les quotidiens De Morgen et Het Laatste Nieuws. En cause, l'effritement ininterrompu de la diffusion des journaux papier qui se poursuit depuis 2015 au rythme de 4% l'an mais aussi un mauvais choix technologique au départ - l'impression sans eau - ainsi qu'une modification prochaine du format de ces deux quotidiens. Derrière les inamovibles Amcor Flexible Transpac et MCC Verstraete, qui survolent de loin notre classement selon le bénéfice réalisé, apparaît en troisième position Joos Group qui a enregistré en 2020 une confortable plus-value suite à la vente au Groupe Colruyt de sa filiale Joos Hybrid spécialisée dans la communication transactionnelle. L'opération est logique dans la mesure où cette activité dont Joos souhaitait se retirer pour mettre l'accent sur la communication graphique et l'impression est complémentaire à celle de Symeta, une division de Colruyt Group qui a été apportée en avril 2021 à Joos Hybrid entre-temps rebaptisé Symeta Hybrid. Plus loin, apparaissent deux sociétés du groupe Reynders spécialisé dans l'impression d'étiquettes qui affiche, en consolidé, un chiffre d'affaires de 117 millions d'euros, quasi inchangé d'une année à l'autre. Un bénéfice net étant finalement un résultat comptable, nous publions dans la foulée un classement en fonction du résultat d'exploitation. Ce dernier peut être considéré comme plus "vrai" que le précédent dans la mesure où il traduit en chiffres l'activité courante et normale d'une entreprise sans prendre en compte des éléments financiers fiscaux ou exceptionnels. De ce classement a, par exemple, disparu Joos Group pour la raison évoquée plus haut. Bénéfice et rentabilité étant liés au travers du Return of Equity (ROE), nous n'avons retenu pour ce classement que les 200 premières entreprises du secteur selon les fonds propres. Toute fraction, en effet, tend à devenir trompeuse au fur et à mesure que se réduit son dénominateur. Comme à l'accoutumée, ce sont les entreprises actives dans les marchés de niche qui affichent les meilleurs rendements. Le rendement nul de Bochage Renaître s'explique par son statut d'entreprise de travail adapté. Spécialisé dans la finition de documents, l'entreprise a innové en cours de pandémie en produisant des masques pour sourds et malentendants. En matière de valeur ajoutée, nous retrouvons l'inamovible trio Verstraete, Amcor Flexibles, Brady, les deux premiers surclassant de loin le troisième. Globalement, la valeur ajoutée des 200 entreprises de notre Top recule de 2%. La valeur ajoutée traduit le supplément de valeur que l'entreprise donne, par son activité, aux biens et aux services en provenance de tiers. La valeur ainsi créée doit, en principe, permettre de couvrir toutes les charges d'exploitation parmi lesquelles la plus importante le coût du personnel occupé. D'où l'attention portée au ratio dépenses en personnel/ valeur ajoutée qui doit fonctionner comme un signal d'alarme dès qu'il s'élève de manière déraisonnable au-dessus de la moyenne d'un secteur. Dans nos tableaux, nous avons calculé ce ratio deux fois: une première en ne prenant en compte que le personnel statutaire, une seconde en y ajoutant le coût du personnel intérimaire. D'un exercice à l'autre, le recours à l'intérim a diminué de 20%, le plus grand utilisateur en termes de pourcentage restant, tout comme l'année précédente, Smurfit Kappa Drogenbos avec 19%. Pour les 200 entreprises de notre classement, les frais de personnel s'établissent respectivement à 62,63% et 65,26% selon que l'on prend en compte ou non le personnel intérimaire. Notre avant-dernier classement s'intéresse à la solidité financière des entreprises du secteur à travers leur taux d'indépendance, obtenu en divisant le fonds propres par le total du bilan. Pour les 200 entreprises de notre classement, ce ratio s'établit à 48,36% contre 48,12% l'année précédente. Malgré les efforts déployés par Moderna et P. Van De Velde qui, à eux seuls, trustent plus d'un cinquième (22%) de ces investissements effectués par les 200 entreprises de notre classement, les investissements du secteur ont reculé de 146 à 137 millions d'euros. Moderna a investi à Paal-Beringen 17,9 millions d'euros dans l'installation d'une Manroland Lithoman IV, une presse rotative de 80 pages, longue de 50 mètres, qui devrait augmenter la capacité de l'entreprise de près de 40%. Le second est P. Van De Velde dont la société faîtière (Vanrom) publie pour la première fois des comptes consolidés: 124 millions d'euros et 670 personnes occupées pour un exercice 2020 marqué par deux reprises de société aux Pays-Bas destinées à renforcer la position de ce groupe extrêmement discret dans le carton d'emballage. Cet effectif devrait toutefois bondir à 1.100 personnes dès l'exercice 2021 avec l'acquisition aux Pays-Bas de Remmet Dekker et surtout, en Turquie d'Ekol Ofset, un fabricant d'emballage et de gobelets en carton qui occupe 450 personnes. En sens inverse, le groupe turc Korozo, qui ambitionne de se hisser dans le Top 10 européen de l'emballage a pris, fin 2019, le contrôle de Venca, une commandite familiale chapeautant les sociétés Vitra et Creavit, toutes deux basées à Wommelgem.