Déjà présente à la dernière édition de Sign2Com en 2021, l'impression directe sur film (DTF) figurait parmi les nouvelles technologies de décoration de vêtements présentées à la Fespa Global Print Expo cette année. Le responsable de Fespa, Michael Ryan, a même déclaré que l'impression DTF était l'une des plus grandes tendances à voir au salon. Le concept est simple: il s'agit d'imprimer sur un film, puis de transférer le motif imprimé sur le tissu. "Le DTF est un processus qui a commencé en 2020 et en 2021 il a gagné en confiance", dit Michael Ryan. Ainsi de nombreux exposants ont participé à la Fespa pour présenter cette nouvelle technologie de décoration textile. En témoignent les tutoriels et comparatifs vidéos en ligne, le buzz autour de ce nouveau procédé d'impression le présente comme un atout supplémentaire pour les professionnels de la personnalisation de vêtements tels les t-shirts, mais aussi les vestes. Son principal avantage est qu'il permet de marquer tout type de textile.
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Déjà présente à la dernière édition de Sign2Com en 2021, l'impression directe sur film (DTF) figurait parmi les nouvelles technologies de décoration de vêtements présentées à la Fespa Global Print Expo cette année. Le responsable de Fespa, Michael Ryan, a même déclaré que l'impression DTF était l'une des plus grandes tendances à voir au salon. Le concept est simple: il s'agit d'imprimer sur un film, puis de transférer le motif imprimé sur le tissu. "Le DTF est un processus qui a commencé en 2020 et en 2021 il a gagné en confiance", dit Michael Ryan. Ainsi de nombreux exposants ont participé à la Fespa pour présenter cette nouvelle technologie de décoration textile. En témoignent les tutoriels et comparatifs vidéos en ligne, le buzz autour de ce nouveau procédé d'impression le présente comme un atout supplémentaire pour les professionnels de la personnalisation de vêtements tels les t-shirts, mais aussi les vestes. Son principal avantage est qu'il permet de marquer tout type de textile. L'impression DTF, ou impression directe sur film, tient son nom de l'anglais Direct-to-Film. Comme son nom l'indique, il s'agit d'une technique d'impression textile par transfert qui s'appuie sur la technologie jet d'encre. L'impression DTF se fait en plusieurs étapes: impression du film transfert (souvent en PET ou PVC), application d'une poudre thermofusible sur le film, passage dans un four, et enfin transfert du motif imprimé sur le textile à l'aide d'une presse à chaud. Comme l'image doit être transférée, l'impression des couleurs est inversée. Les couleurs CMJN sont d'abord imprimées en miroir, suivies de l'encre blanche. Il est donc important d'avoir un logiciel RIP capable de gérer les couleurs CMJN et le blanc pour l'impression DTF. À la sortie de l'imprimante jet d'encre, les encres sont encore humides sur le film. On le saupoudre alors d'une poudre blanche qui servira à lier les pigments colorés aux fibres du tissu. Il existe des encres d'impression CMJN + le blanc spécialement conçues pour le DTF. Il s'agit d'encres textiles souples pigmentées aqueuses similaires à l'impression DTG, mais plus liquides. Elles sont extensibles afin d'éviter que l'impression ne se fissure lorsqu'on étire le vêtement. On retrouve actuellement deux écoles: la technique manuelle ou automatisée. Dans le premier cas, l'imprimeur utilise une imprimante jet d'encre équipée d'encres pour le textile et une presse à chaud. Il applique lui-même la poudre uniformément sur le film lorsque l'impression est humide et veille à éliminer l'excédent. Cette poudre DTF thermofusible doit ensuite être chauffée. À défaut d'un petit four industriel, il est possible d'utiliser une presse à chaud sans contact avec la surface de l'impression. En fonction de la poudre et de l'équipement, le passage sous une source de chaleur se fait généralement pendant deux à cinq minutes à une température autour de 150 à 170 degrés Celsius. Le film imprimé préalablement refroidi est ensuite placé sur le tissu pré-pressé (étape facultative visant à aplatir et déshumidifier le tissu) dans la presse à chaud. Le processus de transfert du motif imprimé sur le textile s'effectue à une température de 150 à 170 degrés pendant environ 15 à 20 secondes. Une fois le vêtement imprimé il est possible de le repasser une seconde fois dans la presse à chaud pour fixer davantage l'impression. Quant à la méthode automatisée, tout se fait en un seul passage sur une plateforme d'impression spécialement conçue pour le DTF, à l'exception de l'étape du transfert. La presse à chaud reste donc indispensable. Il n'existe à l'heure actuelle pas de solutions DTF clés en main chez les constructeurs de référence d'imprimantes pour le sign & display. La majorité des imprimantes DTF actuelles sont fabriquées en Chine avec des imprimantes ou plateformes modifiées. Mais en Belgique, nous avons un distributeur de solutions DTF partiellement conçues et fabriquées en Italie par Ser-Tec. Liratex en est le distributeur exclusif pour le Benelux. Trois modèles sont disponibles: S-TEC DTF 600, S-TEC DTF 300 Fast et S-TEC DTF 300 pour des largeurs d'impression de 30 ou 60 cm. Équipées de deux têtes jet d'encre Epson (OEM) adaptées pour le DTF, ces machines sont aussi équipées d'une unité pour la poudre et d'un four en ligne. Le fabricant italien Ser-Tec a également conçu en interne un logiciel RIP adapté à l'impression DTF. Liratex commercialise les solutions DTF de Ser-Tec depuis un an et demi et y voit un véritable essor: plus de 100 machines ont été installées dans le Benelux. "À ce rythme, on réalise 50 à 60 ventes par an, mais cela va ralentir. Nous remarquons que les Pays-Bas privilégient le grand format d'impression et la Belgique le plus petit format", confie Jan Libbrecht, directeur de Liratex. Parmi les fabricants plus connus, Epson et Ricoh sont les premiers constructeurs de référence à proposer un début de solution. L'un et l'autre ont développé une version de leur logiciel de pilotage permettant l'impression en miroir et la gestion du blanc de soutien exigées en DTF. À ce stade, leur solution offre une option DTF à certaines de leurs imprimantes DTG (SureColor F2100 ou F3000 pour Epson, DTG Ri 100 et 2000 pour Ricoh). Les vitesses d'impression varient en fonction du nombre de têtes d'impression. Les modèles d'imprimantes disponibles offrent des vitesses variables, de lent à rapide. Les systèmes en 30 cm de laize apportent une productivité de 4 m2/h et ceux de 60 cm de laize tournent autour de 10 à 12 m2/h. Ces systèmes représentent un investissement d'environ 15.000 à 25.000 euros pour les plus productifs. L'impression DTG (Direct-to-Garment) permet d'imprimer directement sur le textile sans utiliser un film transfert spécial. Dans ce cas, le tissu doit être prétraité avec un liquide afin que l'encre puisse se fixer sur le tissu. Puis, le tissu prétraité doit être mis sous une presse à chaud ou au four afin que le prétraitement sèche. Le tissu peut ensuite être inséré sur le plateau de l'imprimante DTG pour être imprimé. Une fois que l'impression est faite, le tissu retourne sous la presse à chaud, ou au four, pour que l'encre puisse se fixer au tissu et ainsi résister au lavage. "Le prétraitement du tissu en DTG est surtout nécessaire sur les matières foncées et ainsi fixer le blanc de sous couche", explique Céline Dufour en montrant comme exemple de comparaison un T-shirt noir imprimé avec et sans prétraitement. Céline Dufour est responsable du département décoration chez Stanley/Stella et s'occupe des tests d'impression sur les tissus de la marque. "Seule la technologie jet d'encre de Kornit permet de faire l'impasse sur le prétraitement", ajoute Céline. En effet, Kornit, qui utilise la technologie brevetée wet-on-wet, intègre le prétraitement en ligne dans ses systèmes d'impression textile. Vous l'aurez compris: le DTF permet de sauter l'étape prétraitement du tissu, qui implique aussi plusieurs étapes de séchage. Ce qui rend l'impression directe sur film plus productive que le DTG, selon Jan Libbrecht de Liratex, distributeur de systèmes DTF. "Il n'y a pas de prétraitement et l'opérateur peut vaquer à d'autres occupations pendant l'impression du film transfert tandis qu'une imprimante DTG demande une attention constante de l'opérateur", dit-il. Il convient néanmoins de nuancer. Il est en effet plus rapide d'imprimer 1000 logos en une fois sur un film transfert qu'un logo sur 1000 t-shirts mais le processus pris dans son entièreté, le DTF demande encore de transférer manuellement le motif imprimé sur le vêtement. Le DTF offre néanmoins la possibilité de stocker à l'avance des motifs préimprimés en masse. Par ailleurs, l'impression DTG est plus à même de traiter des commandes groupées. D'un point de vue qualitatif, Céline Dufour se montre très exigeante: "Une impression DTF peut être très réussie comme décevante. Tout dépend de l'encre utilisée." En effet, le DTF peut donner une finition un peu "plastique", similaire à l'impression flex. Bien maîtrisée, la technique offre cependant de meilleurs résultats. "J'attends du DTF un résultat plus raffiné qu'un effet plastique ; qui pénètre bien dans le textile", dit Céline Dufour. Grâce au blanc de support, l'impression DTF garantit néanmoins un rendu éclatant des couleurs indépendamment de la couleur du textile. Le pilotage des couleurs, les niveaux d'encre, la taille des gouttes entre autres contribuent à optimiser le résultat d'impression DTF. Alors que le DTG s'intègre à la fibre, le DTF reste quant à lui plus en surface, avec un toucher plus épais, mais souple et un rendu plus brillant. Le DTG est par ailleurs la solution idéale pour l'impression full-color et la qualité photo sur un textile. Par ailleurs, l'impression DTF implique d'utiliser plus de matériaux et génère plus de déchets que l'impression DTG. En effet, une fois le projet terminé, le film transfert n'est pas réutilisable et fini à la poubelle. Quid de la sublimation thermique? L'avantage du DTF repose principalement sur la capacité à imprimer sur des vêtements en coton et sur une grande variété de supports, tandis que la sublimation thermique se limite aux textiles comportant au moins 60% de polyester. Une des limites du DTF est sa productivité. L'impression directe sur film restera cantonnée aux petites séries. La sérigraphie est indétrônable pour les entreprises de production spécialisées dans la décoration textile qui doivent traiter de gros volumes. En témoigne le spécialiste anversois de l'impression et de la broderie sur textile PAS Print. L'entreprise qui imprime annuellement plus de deux millions de pièces est équipée des différents procédés pour répondre à tous types de demandes. Alors que 80% de la production d'impression est réalisée en sérigraphie, à l'aide de trois carrousels, le reste passe soit sur une imprimante jet d'encre Brother (DTG) soit en DTF à l'aide d'une machine d'impression chinoise dédiée et d'une presse à chaud. "Pour les motifs standards à grand tirage, nous utilisons la sérigraphie. Si le client souhaite une impression en full-color pour des quantités limitées, ce sera le DTG, tandis que le DTF sera idéal pour imprimer un logo situé sur une zone du vêtement difficilement accessible pour l'impression", synthétise Nicolas Debbaut. Autre avantage de la sérigraphie: elle permet de reproduire un ton direct ou une couleur Pantone. "Cela dit, je vois que les clients sont de moins en moins exigeants à ce niveau-là hormis pour les logos de marque", remarque Céline Dufour. En ce qui concerne la longévité des impressions textiles, aussi bien Céline Dufour que Nicolas Debbaut de PAS Print estiment que la sérigraphie offre la plus longue durée de vie. "Cependant, pour l'utilisation que les gens font de leurs vêtements, aussi bien le DTG que le DTF offrent une durabilité suffisante", dit Céline Dufour. Quid de la qualité? Sans hésiter, Nicolas Debbaut de PAS Print affirme que la sérigraphie offre le plus haut niveau de qualité. "C'est le savoir-faire du sérigraphe qui fait la différence. Quand un sérigraphe est très bon, la qualité d'impression est meilleure en sérigraphie. Mais pour les impressions en quadri, il est plus facile d'obtenir une excellente qualité en DTF ou en DTG qu'en sérigraphie qui exige un véritable savoir-faire", exprime Céline. "Le travail devient plus compliqué quand il faut imprimer un design avec plus de deux couleurs. Il faut beaucoup de compétences en sérigraphie et le personnel qualifié est rare. C'est pourquoi il est plus facile d'imprimer en DTG ou en DTF", dit Nicolas Debbaut. Jan Libbrecht de Liratex nuance: "Tout dépend sous quel point de vue on évalue la qualité. La résolution des trames en sérigraphie est moins élevée." Le DTF apporte donc une qualité sensiblement meilleure là où la sérigraphie trouve son bénéfice dans les travaux simples en tons directs. De plus, le DTF ne nécessite pas d'opérateurs spécialisés comme en sérigraphie. "Quand il s'agit d'imprimer une veste, un vêtement en polyester, un logo sur une zone du vêtement difficile d'accès, alors le DTF est la solution idéale", dit Nicolas Debbaut. Contrairement au DTG et à la sérigraphie, le DTF est compatible avec les matières thermosensibles comme le polyester. "L'impression DTG s'accommode des matières en coton ou comportant maximum 30% de polyester", précise Céline Dufour. "En sérigraphie, le risque avec l'impression sur polyester c'est le phénomène de 'bleeding' dû à la remontée pigmentaire. À ce niveau, le DTF offre plus de résistance et le toucher reste agréable sur du polyester", dit Jan Libbrecht. Autre atout: "Le DTF est plus performant que les autres procédés sur les textiles foncés", ajoute-t-il. Enfin, tout le monde s'accorde à dire que l'impression DTF est meilleur marché que le DTG en termes d'investissement et de prix de ventes des vêtements imprimés. L'investissement reste faible par rapport à une imprimante DTG. Et étant donné que le DTG offre une finition plus fine que le DTF, la méthode d'impression directe peut permettre de facturer un prix un peu plus élevé que le DTF. "Certains clients, notamment des spécialistes de la broderie, y voient aussi une opportunité pour se diversifier et produire en interne des vêtements imprimés", confie Jan Libbrecht. Le prix de l'équipement et des coûts d'impression raisonnables font du DTF un procédé d'impression textile complémentaire aux autres techniques. Par ailleurs, le DTF offre aussi la possibilité de se diversifier dans d'autres types de textile comme les jeans, les coussins, tote bag... En résumé, l'impression DTF est une technique intéressante pour les imprimeurs ou brodeurs qui cherchent à se diversifier dans la personnalisation de vêtements avec un faible investissement. Pour les sérigraphes, le DTG ou encore les utilisateurs de la sublimation thermique, le DTF se positionne comme un procédé d'impression complémentaire qui permet d'optimiser les processus de production selon le type de commande. Le DTF se distingue par sa souplesse d'utilisation, sa qualité d'impression si elle est bien maîtrisée et la grande variété de textiles utilisables. Cependant, la technologie étant récente, la maîtrise de l'impression DTF passe par l'expérimentation sur le terrain. Pour l'heure, les utilisateurs de l'impression directe sur film se lancent à tâtons.