L'histoire repasse les plats, qui l'eût cru? Comme une réminiscence de la crise de 2008, de sombres échos ont été rapportés ce mois-ci à propos de banques tombées en faillite, qu'il a fallu renflouer, voire sauver du naufrage à grand renfort de capitaux frais. "Pas de panique", disent les autorités, se voulant rassurantes: "Vos dépôts sont garantis." Mais plus les gens s'entendent recommander la sérénité, plus ils se pressent de retirer leur argent des établissements en difficulté, précipitant d'autant leur chute. La fameuse prophétie autoréalisatrice. "Don't panic" était aussi l'un des messages de Bernd Zipper, CEO de Zipcon, au BOPE. Pendant son...

L'histoire repasse les plats, qui l'eût cru? Comme une réminiscence de la crise de 2008, de sombres échos ont été rapportés ce mois-ci à propos de banques tombées en faillite, qu'il a fallu renflouer, voire sauver du naufrage à grand renfort de capitaux frais. "Pas de panique", disent les autorités, se voulant rassurantes: "Vos dépôts sont garantis." Mais plus les gens s'entendent recommander la sérénité, plus ils se pressent de retirer leur argent des établissements en difficulté, précipitant d'autant leur chute. La fameuse prophétie autoréalisatrice. "Don't panic" était aussi l'un des messages de Bernd Zipper, CEO de Zipcon, au BOPE. Pendant son exposé lors de cet évènement du centre flamand pour l'innovation VIGC organisé ce mois-ci à Gorinchem (Pays-Bas), Zipper a notamment évoqué la révolution en cours de l'intelligence artificielle et ses effets attendus sur le monde de l'impression. L'IA est l'avenir pour le célèbre consultant, valeur sûre des BOPE, qui y voit: "la plus grande invention depuis la presse de Gutenberg". Actif depuis plus de trente ans dans notre secteur, il sait de quoi il parle. Reste à voir s'il a raison. D'autres pistes de réflexion intéressantes ont été formulées au #BOPE23. Ainsi, Tom Peire, CEO du spécialiste gantois de l'automatisation Four Pees, a donné une vision plus réaliste de l'IA. Pour lui, l'évolution rapide des technologies dépasse de plus en plus l'entendement de nombreuses personnes. "Qui arrive encore à suivre?", s'est-il demandé. "L'IA dans l'industrie graphique a encore un long chemin à parcourir." Dans le métier depuis un quart de siècle lui aussi, Tom Peire pense que nombre d'aspects de notre industrie sont améliorables, mais qu'ils ne sont pas suffisamment pris à bras le corps. Tout le monde veut se développer, mais la croissance n'est pas toujours régulière: "La croissance est capricieuse ; des effets saisonniers peuvent jouer et ils sont difficiles à gérer", a-t-il dit. Roland Keppler, CEO d'Onlineprinters, n'a pas, lui non plus, tourné autour du pot pendant son allocution au BOPE. Il fait encore l'expérience de vents contraires, avec des marges sous pression à cause de la hausse des coûts d'entrants et des incertitudes en divers points de la chaîne d'approvisionnement, ainsi que du côté de la demande. Un ajustement rapide des prix semble inévitable pour Keppler. Dont les clients ont accepté ces majorations. Dans ce numéro, nous présentons le classement des entreprises graphiques compilé par nos collèges de Trends Business Information d'après les comptes annuels déposés auprès de la Banque nationale. Les chiffres donnent une image mitigée des résultats du secteur. Trois quarts des deux-cents plus grandes entreprises ont comptabilisé une croissance en 2021 (en chiffre d'affaires ou marge brute). Et 84% de ces 200 ont vu leur bénéfice net augmenter. Sur le plan de la valeur ajoutée, 75% des 200 plus grosses sociétés font mieux qu'en 2020. Les chiffres semblent révéler une dichotomie croissante entre les plus grandes entreprises, qui peuvent jouer au maximum de leur grandeur d'échelle dans un secteur à forte intensité capitalistique, et les plus petits acteurs, qui peinent à suivre la cadence. La consolidation reste donc l'une des mégatendances du secteur. Bonne lecture.