Quiconque prête l'oreille aux professionnels du secteur graphique entendra le message résonner toujours plus fort. Le vivier est vide ; les offres d'emploi restent non pourvues ; les entreprises graphiques ne parviennent plus à embaucher. Et les causes sont structurelles et plurielles. L'évolution démographique d'abord, qui fait que de plus en plus d'employeurs doivent aller à la pêche dans un bassin de demandeurs d'emploi en contraction. Et nulle question ici de "guerre des talents". On parle juste de trouver des gens fiables et motivés, sans plus. Quitte à ce que l'offre spécifique de formations et de coaching soit assurée dans les ateliers. Avec le vieillis...

Quiconque prête l'oreille aux professionnels du secteur graphique entendra le message résonner toujours plus fort. Le vivier est vide ; les offres d'emploi restent non pourvues ; les entreprises graphiques ne parviennent plus à embaucher. Et les causes sont structurelles et plurielles. L'évolution démographique d'abord, qui fait que de plus en plus d'employeurs doivent aller à la pêche dans un bassin de demandeurs d'emploi en contraction. Et nulle question ici de "guerre des talents". On parle juste de trouver des gens fiables et motivés, sans plus. Quitte à ce que l'offre spécifique de formations et de coaching soit assurée dans les ateliers. Avec le vieillissement, une somme d'expérience et de savoir-faire s'évapore quasi mécaniquement chaque année des entreprises graphiques. Et l'afflux de sang neuf est bien trop faible pour compenser les départs. Confrontées à cette réalité, les entreprises misent sur l'automatisation et la robotisation pour traiter leurs volumes (lire en page 26). Ou elles consolident pour dégager des synergies sur une plus grande échelle. Investir dans des flux de production automatisés et des robots permet aussi de rendre le travail humain plus qualitatif sur le plan du contenu et de l'ergonomie. Ce qui est crucial, car le secteur graphique souffre de toute façon d'un problème d'image. L'inadéquation entre demande et offre sur notre marché du travail commence déjà sur le banc de l'école. Les orientations créatives sur écran ont beaucoup plus de succès auprès des jeunes que les disciplines pratiques focalisées sur la technique et la conduite des machines d'imprimerie et de finition. Nous pouvons regretter ces tendances, mais se lamenter n'y changera rien. Le secteur graphique est-il suffisamment attrayant pour que des jeunes ou des transfuges souhaitent y faire carrière? La branche mise-t-elle assez sur les centres d'intérêt de la jeunesse d'aujourd'hui? J'entends par là le développement durable, la diversité et la digitalisation. Le secteur graphique est-il capable d'inspirer les jeunes pour les inciter finalement à franchir le pas? Le défi est énorme et il est urgent de le relever. Car le temps presse. Un bel exemple de la manière dont les imprimeries peuvent sortir du lot est à lire en page 24. L'imprimerie malinoise Buroform organisait dernièrement la troisième édition de son évènement-réseau "Café Cliché". Cette entreprise familiale a ainsi fait carton plein pour sa soirée conviviale centrée sur les livres d'art. Sous le slogan "Let's talk about books, baby", différents aspects du processus imprimant ont été mis en lumière. De la reliure à la suisse ou à la japonaise aux tranchefiles et au papier bouffant en passant par la couleur sur tranche, rien ne fut négligé. C'est donc que c'est possible. Il appartient à tous les acteurs de notre secteur - écoles, entreprises et fédérations sectorielles - de faire assaut de créativité pour doter les métiers graphiques d'une image attrayante sur le marché. Parce que c'est nécessaire. Parce que personne ne le fera à notre place. J'espère que vous prendrez beaucoup de plaisir à lire cette édition de novembre de Nouvelles Graphiques, qui s'intéresse aussi aux innovations dans le domaine de l'impression 3D (en page 14) et de l'impression numérique (page 20), ainsi qu'au thème de la motivation dans l'atelier (page 30).