Du rPET au 100% papier

Pour faire un emballage dit durable, il y a plusieurs écoles: recycler du plastique ou le remplacer par du papier-carton. Si de nombreux emballages en plastique ont déjà pu être remplacés par une alternative en papier, tout ne peut pour autant pas être emballé avec du papier. En effet, il y a des produits comme les liquides pour lesquels le conditionnement 100% papier n'est pas encore viable, mais les progrès actuels semblent prometteurs. Prenons l'exemple de Coca-Cola. Toutes les bouteilles en plastique de la marque fabriquées en Belgique sont désormais en plastique 100% recyclé (rPET). Une situation que Coca-Cola souhaite généraliser à terme au niveau mondial. Mais le géant de la boisson a un objectif bien plus grand: celui de développer une bouteille en papier complètement dépourvue de plastique. Un projet sur lequel travaillent actuellement les scientifiques des laboratoires de recherche et développement de Coca-Cola à Bruxelles. "Nous n'y sommes pas encore", dit Stijn Franssen, Packaging Development Engineer chez Coca-Cola Belgique. Pour l'heure, Coca-Cola en est au stade de prototype avec une bouteille en papier de première génération qui comprend encore des éléments constitués de plastique recyclé et recyclable. A savoir le bouchon et la membrane intérieure. Ce revêtement barrière est destiné à garantir l'étanchéité du contenant. "Chaque besoin requiert un type de conditionnement distinct et je pense que conjointement à d'autres solutions, une bouteille en papier peut jouer un rôle majeur pour concrétiser notre vision d'un monde sans déchets. Nous sommes en voie de trouver la solution de conditionnement la plus durable pour que les consommateurs puissent savourer nos boissons", poursuit Stijn Franssen. En attendant d'arriver à produire une bouteille exclusivement en papier, Coca-Cola ambitionne de rendre l'intégralité de ses emballages entièrement recyclables (98% actuellement) via une économie circulaire du PET.
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Pour faire un emballage dit durable, il y a plusieurs écoles: recycler du plastique ou le remplacer par du papier-carton. Si de nombreux emballages en plastique ont déjà pu être remplacés par une alternative en papier, tout ne peut pour autant pas être emballé avec du papier. En effet, il y a des produits comme les liquides pour lesquels le conditionnement 100% papier n'est pas encore viable, mais les progrès actuels semblent prometteurs. Prenons l'exemple de Coca-Cola. Toutes les bouteilles en plastique de la marque fabriquées en Belgique sont désormais en plastique 100% recyclé (rPET). Une situation que Coca-Cola souhaite généraliser à terme au niveau mondial. Mais le géant de la boisson a un objectif bien plus grand: celui de développer une bouteille en papier complètement dépourvue de plastique. Un projet sur lequel travaillent actuellement les scientifiques des laboratoires de recherche et développement de Coca-Cola à Bruxelles. "Nous n'y sommes pas encore", dit Stijn Franssen, Packaging Development Engineer chez Coca-Cola Belgique. Pour l'heure, Coca-Cola en est au stade de prototype avec une bouteille en papier de première génération qui comprend encore des éléments constitués de plastique recyclé et recyclable. A savoir le bouchon et la membrane intérieure. Ce revêtement barrière est destiné à garantir l'étanchéité du contenant. "Chaque besoin requiert un type de conditionnement distinct et je pense que conjointement à d'autres solutions, une bouteille en papier peut jouer un rôle majeur pour concrétiser notre vision d'un monde sans déchets. Nous sommes en voie de trouver la solution de conditionnement la plus durable pour que les consommateurs puissent savourer nos boissons", poursuit Stijn Franssen. En attendant d'arriver à produire une bouteille exclusivement en papier, Coca-Cola ambitionne de rendre l'intégralité de ses emballages entièrement recyclables (98% actuellement) via une économie circulaire du PET. La stratégie environnementale de Coca-Cola en matière d'emballage traduit bien la préoccupation actuelle des grandes marques et des industriels, à savoir une économie circulaire des matériaux et moins de déchets. Plusieurs projets de bouteille ou contenant de liquide en papier, à l'état de prototype ou de commercialisation, ont déjà vu le jour. On se souvient de la bouteille de vin en papier introduite l'été dernier par Delhaize dans ses rayons. Elle est à base de carton recyclé sans produits chimiques et d'une doublure en plastique. Cette introduction fait partie d'une stratégie plus large de l'enseigne au lion. En 2019, Delhaize a lancé "The Lion's Footprint", un plan de développement durable par lequel le distributeur s'engage à réduire son empreinte écologique. Ce plan comporte trois grands volets ambitieux: la neutralité plastique, réduire le gaspillage alimentaire et la neutralité carbone d'ici la fin 2021. Colruyt est sur la même lignée en optant pour des emballages en rPET pour ses produits de lessives et d'entretien et de boissons Boni Selection. "A l'horizon 2025, notre objectif est de rendre tous les emballages de nos marques propres utilisables, recyclables et compostables ou biodégradables", affirme Colruyt. Et pourquoi pas de la lessive en bouteille en papier? C'est en bonne voie du côté d'Unilever et de Procter & Gamble (P&G). Ces deux multinationales ont récemment annoncé chacune de leur côté une bouteille de lessive en papier. P&G teste en effet pour sa marque d'assouplissant Lenor un emballage composé de papier. La bouteille est fabriquée en papier certifié FSC, elle aussi dotée dans un premier temps d'une fine couche de protection en rPET. A partir de 2022, P&G déploiera ces nouvelles bouteilles en cellulose à grande échelle en Europe occidentale. "Le lancement de ce prototype sera à la base d'une stratégie de tests et d'apprentissages visant à développer et étendre l'utilisation des emballages en papier au sein du groupe P&G", indique la division Entretien des tissus et de la maison de P&G. De son côté, Unilever prévoit également de commercialiser début 2022, au Brésil d'abord, sa première bouteille de lessive 100% papier pour la marque OMO (Persil, Skip, Breeze). Comme d'autres, Unilever s'est engagée à réduire de moitié son utilisation de plastique vierge d'ici 2025. Paboco (The Paper Bottle Company) et Pulpex sont deux grands consortiums qui favorisent l'innovation dans l'emballage durable grâce à un réseau de partenaires. Le prototype de bouteille en papier de Coca-Cola est d'ailleurs développé en partenariat avec Paboco. Idem pour la bouteille en papier de P&G. Cette joint-venture a été lancée en 2019 à Copenhague par le papetier suédois BillerudKorsnäs et le fabricant de solutions d'emballage plastique autrichien Alpla. Outre Coca-Cola et P&G, Paboco regroupe également The Absolut Company, Carlsberg et L'Oréal. La prochaine étape pour Paboco est de développer une nouvelle génération de bouteille en papier entièrement biosourcée et compatible avec la filière de recyclage du papier. Elle serait de plus compatible avec l'impression numérique à base d'encre aqueuse. Par ailleurs, Pulpex est aussi une joint-venture qui a été fondée en 2020 par la société de capital-risque PilotLite et le fabricant anglais d'alcool Diageo (Johnnie Walker, Smirnoff, Guinness) en association avec le papetier finno-suédois Stora Enso. Unilever, Pepsico et GSK font aussi partie de ce consortium. Pulpex et Stora Enso prévoient d'industrialiser la production de bouteilles et de contenants à base de fibres de bois et dépourvu de plastique en 2022. "La bouteille est doublée de revêtements à base d'eau de qualité alimentaire et pourra toujours entrer dans le flux de déchets de papier. Nous n'utilisons aucune matière plastique en PET, et si nous utilisons du plastique, nous voulons garantir qu'il soit recyclable au cas où les bouteilles finiraient dans la nature. Elles seront alors biodégradables" a expliqué Sohrab Kazemahvazi, vice-président de l'unité de fibres formées de Stora Enso. Pour produire leur bouteille en papier à grande échelle, Pulpex et Stora Enso conçoivent ensemble une ligne de production à grande vitesse et évolutive. "La première ligne à grande vitesse permettra de démontrer si nous pouvons produire à une échelle industrielle et au niveau de coût attendu", a déclaré Sohrab Kazemahvaz. Les marques au sein de Pulpex se sont engagées à produire ensemble 750 millions de bouteilles en papier en un an. Les bouteilles en fibres formées de Pulpex et Stora Enso seront distribuées aux marques internationales pour une variété d'applications, des produits de soin aux boissons alcoolisées et aliments liquides. La bouteille de lessive en papier d'Unilever est un premier cas concret de ce partenariat. Autre exemple avec Diageo, qui a dernièrement annoncé de tester la bouteille en papier Pulpex pour son whisky Johnnie Walker avec un lancement prochain. Selon les concepteurs, la bouteille en papier Pulpex permet le gaufrage, l'impression, l'étiquetage et les pigments colorés pour répondre aux besoins de personnalisation des marques. Elle s'intègre aussi dans l'infrastructure de remplissage existante des producteurs. En dehors des grands consortiums comme Paboco et Pulpex, d'autres acteurs déploient également des moyens dans la recherche et le développement en vue de remplacer les emballages d'origine fossile par du papier. Le groupe forestier finlandais Metsä en fait partie. Avec sa filiale dédiée à l'innovation Metsä Spring, le papetier finlandais prévoit de démarrer fin 2021 sa nouvelle usine pilote. Cette usine devra produire des emballages en volume composés de fibres de bois en vue de remplacer les solutions actuelles en plastique et en aluminium. Un prototype de bouteille en papier est aussi dans les cartons de Metsä Spring. Fedrigoni cumule aussi les initiatives dans le domaine des emballages durables, notamment avec la création du nouveau pôle innovation FedLab au sein de sa division Papier. En partenariat avec des universités, entreprises et start-ups, le FedLab a pour objectif de développer une gamme de papiers suffisamment résistants et étanches pour remplacer le plastique. Ces solutions trouveront des débouchés dans les secteurs cosmétique, agroalimentaire et le commerce électronique de luxe. Parmi les dernières innovations au sein de FedLab figure l'Icelite CleanCut, un papier développé en collaboration avec le fabricant italien d'emballages souples Easysnap. Recyclable, ce nouvel emballage en papier remplace l'emballage plastique monodose de liquides. L'emballage en papier est présenté comme une solution plus écologique que les autres emballages en PET. Sa production génère nettement moins d'émissions de carbone et le papier est davantage recyclé que le plastique. Une étude récente démontre les avantages environnementaux de la fibre de bois en comparant l'empreinte carbone des emballages en carton à celle des solutions alternatives en plastique ( voir encadré p. 42). Conclusion: l'impact environnemental de l'emballage en carton est toujours plus faible par rapport aux alternatives en matière fossile, même en tenant compte du cycle de vie complet des emballages. Si la bouteille en papier fait rêver, elle n'est cependant pas à l'abri de critiques. Certains spécialistes dénoncent ainsi le greenwashing qui peut être fait par les marques autour de cette innovation. Repérée sur Twitter, l'analyste Drishti Masand de Lux Research (Boston), spécialisée dans les matériaux biosourcés, en fait partie. Selon elle, il faut une très grande quantité de papier pour produire une seule bouteille, qui nécessite plusieurs couches de fibres. Elle estime qu'il faut jusqu'à sept fois plus de matière première que pour une bouteille en plastique. Ce qui augmente aussi les coûts de production. "S'il fallait remplacer toutes les bouteilles en plastique produites chaque année par des bouteilles en papier, nous n'aurions tout simplement pas assez de forêts pour le faire", ajoute Anthony Schiavo, un autre analyse de Lux Research. Par ailleurs, la recyclabilité de la bouteille en papier telle qu'elle est conçue actuellement, avec une membrane en plastique, est aussi remise en question. En effet, pour en garantir le recyclage, le papier devrait être séparé du plastique par le consommateur. Ce que Coca-Cola n'estime pas être une solution viable actuellement pour le confort des consommateurs, rapporte Salony Saxena, porte-parole de Coca-Cola BeLux. "C'est pourquoi aujourd'hui la bouteille en papier n'existe qu'à l'état de prototype chez nous. Coca-cola recherche maintenant une solution alternative à la membrane en plastique en s'inspirant notamment de ce qui est fait du côté des gobelets en carton jetables", poursuit Salony Saxena. Le but final est donc de développer une bouteille sans doublure en plastique pouvant être recyclée sous forme de papier. Valérie Bruyninckx, Corporate Communication & PR Manager chez FostPlus, reconnaît que la recyclabilité de l'emballage devient de plus en plus un facteur distinctif pour une marque. Elle réagit à l'évolution du marché des emballages: "Nous constatons des initiatives qui - parfois - remplacent des emballages en plastique parfaitement recyclables, par des alternatives en multi-matériel à base de papier-carton. Ces derniers peuvent être recyclables si les différents composants sont séparables (et effectivement séparés) par le consommateur, mais sont souvent non-recyclables. C'est une évolution de marché qui, dans certains cas, est inspirée par le fait qu'avant l'implémentation du Nouveau Sac Bleu, il n'y avait pas de solution de recyclage pour certains types d'emballages tels que les pots ou les barquettes en plastique. Aujourd'hui, avec l'extension du message de tri pour tous les emballages en plastique, c'est bel et bien le cas. Nous encourageons alors nos membres à mettre des emballages sur le marché qui sont compatibles avec les filières de recyclage existantes. Des emballages en multi-matériel avec des couches aluminisées ou plastifiées non-détachables n'ont pas leur place dans le sac PMC et peuvent même avoir un contenu en fibres trop bas pour être recyclés avec les emballages en papier-carton. Nous collaborons au niveau belge et européen avec les différentes parties prenantes sur la recyclabilité de tels emballages composés à base de fibres". Alors solution miracle ou utopie la bouteille en papier? Comme le dit l'ingénieur Stijn Franssen, "une bouteille en papier peut jouer un rôle majeur conjointement à d'autres solutions" pour réduire les déchets. Une question d'équilibre donc à trouver parmi les différentes solutions d'emballage en faveur d'une économie circulaire. Rappelons que le Pacte vert européen prône également une circularité des matériaux et la réduction de l'impact environnemental des emballages en plastique avec des objectifs à atteindre d'ici 2030. On comprend dès lors la nécessité d'innover. Une chose est sûre, les bouteilles en papier sont en bonne voie pour trouver prochainement leur place dans les rayons des supermarchés.