L'objectif sous-jacent du Pacte vert pour l'Europe est le développement d'une économie circulaire reposant sur le principe cradle-to-cradle, litt. "du berceau au berceau". "Ce qui demande des changements déjà rien que dans le domaine des matériaux. Les emballages monomatières, compostables et réutilisables étaient jusqu'il y a quelques années des produits de niche. Il leur faut à présent devenir le courant dominant. Un colossal challenge pour l'industrie. Mais même si une réponse est apportée à toutes ces questions, la pression ne baissera pas: l'industrie est d'ores et déjà mise au défi de réfléchir à l'étape suivante." Telle est l'analyse de Peter Stael, de l'agence-conseil Across, mondialement active dans le domaine des emballages, et qui a développé "par la force des choses" une vision globale de la problématique. Stael rejoint les thèses de différents autres experts. Nous avons approfondi le sujet en sa compagnie.
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L'objectif sous-jacent du Pacte vert pour l'Europe est le développement d'une économie circulaire reposant sur le principe cradle-to-cradle, litt. "du berceau au berceau". "Ce qui demande des changements déjà rien que dans le domaine des matériaux. Les emballages monomatières, compostables et réutilisables étaient jusqu'il y a quelques années des produits de niche. Il leur faut à présent devenir le courant dominant. Un colossal challenge pour l'industrie. Mais même si une réponse est apportée à toutes ces questions, la pression ne baissera pas: l'industrie est d'ores et déjà mise au défi de réfléchir à l'étape suivante." Telle est l'analyse de Peter Stael, de l'agence-conseil Across, mondialement active dans le domaine des emballages, et qui a développé "par la force des choses" une vision globale de la problématique. Stael rejoint les thèses de différents autres experts. Nous avons approfondi le sujet en sa compagnie. Le Green Deal résulte de l'objectif de l'UE visant à atteindre la neutralité climatique d'ici 2050. Stael: "La principale évolution est que la Directive 94/62/CE relative aux emballages et déchets d'emballages est actuellement en cours de révision devant le Parlement européen. Elle obligera les fabricants et les fournisseurs de produits de grande consommation (FMCG) à remplacer leurs emballages traditionnels à base de plastique par des variantes recyclables et/ou compostables. "Avec pour conséquence majeure la réduction de la dépendance aux méthodes de production basées sur les combustibles fossiles, ceux-ci contribuant activement aux émissions de CO2 responsables du réchauffement de l'atmosphère terrestre et du changement climatique." Les matériaux respectueux de l'environnement (recyclables, biodégradables et compostables) vont devenir un must pour les emballages courants. Stael: "Il est déjà très important au sein de l'UE de créer les conditions d'émergence de nouveaux matériaux pouvant être intégralement réemployés pour une nouvelle production par le biais du recyclage. Ou pouvant aussi se prêter au compostage, qui est une forme de restitution de nutriments à la terre." L'esprit cradle-to-cradle en plein. "Au vu de l'énorme diversité de produits et alternatives d'emballage actuellement sur le marché, le défi pour l'industrie est déjà gigantesque. Et il le sera plus encore à l'avenir." Stael renvoie à cet égard à la responsabilité élargie du producteur telle que formulée par l'OCDE en 2016. "Sur la base des recommandations de l'Organisation de coopération et de développement économiques, la Commission européenne a publié le 30 novembre 2022 un projet de législation intitulé Règlement sur les emballages et déchets d'emballage (PPWR)." La responsabilité élargie du producteur (REP) y introduit des changements dans la manière dont les plastiques sont considérés. "La taxation des plastiques est en vue et elle sera obligatoire pour chaque État membre à partir de fin 2025. Les matériaux recyclables et compostables seront dès lors de plus en plus demandés. Pour faire court, la question devient donc aussi financière." Stael: "Les réglementations, la taxation et certainement aussi le poids de l'opinion publique mettent les fabricants et les détaillants FMCG sous pression: on attend d'eux non seulement qu'ils changent leurs packagings, mais aussi qu'ils endossent la responsabilité de tout ce qu'il advient de leurs produits et emballages avant et après la vente. Les fabricants et détaillants FMCG devront certainement supporter les coûts de la collecte des déchets, mais aussi ceux de leur contribution à l'effet de serre et au changement climatique. Il y aura des procès et certaines procédures sont déjà engagées: Danone a été poursuivie par des consommateurs estimant que l'entreprise n'en fait pas assez en matière de développement durable." Les fabricants et détaillants FMCG, pense Stael, vont être instamment incités à revoir l'ensemble de leur chaîne d'approvisionnement. "En effet, plus on remonte loin dans la chaîne d'approvisionnement, plus il y a à gagner à réduire l'empreinte carbone. Car s'il est vrai que les emballages contribuent aux émissions de CO2, les études montrent que leur part n'est "que" de 5%, le reste étant généré plus en amont dans le processus: production, gaspillage de nourriture et transport." Des systèmes sont donc nécessaires pour intégrer la chaîne d'approvisionnement, la gérer, la documenter entièrement et la rendre accessible à l'ensemble des parties prenantes, dit Stael. "Et étant donné que le seul canal de communication entre le producteur et le consommateur est l'unité d'emballage, c'est à ce niveau que la pression sera la plus forte. Les producteurs FMCG vont reporter la responsabilité de la recherche de solutions sur les fabricants d'emballages." C'est pourquoi la "simple" mise en oeuvre d'emballages écoresponsables ne suffit pas à répondre à l'urgence d'une transition durable, estime Stael. "Ces emballages durables constituent en eux-mêmes un grand défi pour l'industrie. Mais le besoin d'une documentation complète et d'une réduction draconienne des émissions de CO2 rendent nécessaires une réorganisation - et même une intégration - de l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement. La pression est forte. Elle le restera et continuera d'exiger des solutions innovantes."