La France à la pointe des emballages réutilisables

Les foires internationales de l'emballage sont les meilleurs baromètres des évolutions et innovations observables du côté des fabricants de packagings. Drinktec, K, All4Pack, les salons sont de retour. Et les emballeurs travaillent d'arrache-pied pour satisfaire à tous les changements de réglementations tant européennes que nationales, tout en continuant de servir leurs clients au mieux. Avec la pandémie, les emballages recyclables et réutilisables semblaient avoir quelque peu perdu de leur popularité. Mais le vent tourne vite. La très stricte loi française AGEC (Anti-gaspillage pour une économie circulaire), visant l'interdiction progressive des plastiques à usage unique, la réduction des déchets et la promotion de nouvelles pratiques de consommation, a commencé à sortir ses effets dans la foulée du Pacte vert pour l'Europe. Depuis le 1er janvier 2023, les établissements de restauration de plus de vingt couverts en places assises ont l'obligation d'employer de la vaisselle réutilisable pour le service à table. Une véritable révolution dont la France est une pionnière mondiale. Le gouvernement Macron a annoncé une période transitoire d'un an, mais des signes de bonne volonté devront déjà être montrés aujourd'hui. L'industrie du fastfood vit de loin sa plus grande transformation depuis que les frères McDonald's en ont jeté les fondations en 1940. D'autres pays vont suivre ; la Grande-Bretagne va interdire les couverts jetables dès la fin de cette année. Les emballages des collectivités, écoles, hôpitaux, maisons de retraite, supermarchés, etc., devront d'ici peu aussi satisfaire à la nouvelle loi. Pour répondre à ces nouveaux besoins de contenants réemployables, l'entreprise française Firplast, établie dans la région de Lyon, a couplé son produit R'Box avec une offre de service. Les R'Box sont des contenants solides, durables et écoresponsables, qui peuvent s'inscrire dans une logique de consignation. "Nous optons pour du PBT car les barquettes en PP échouent au test bactériologique. Les jointures et les éraflures peuvent être des nids à bactéries. Préconisé par le rapport CITEO, le PBT (polytéréphtalate de butylène) permet de proposer des contenants qui résistent aux changements de température (chaud/froid) et aux chocs, et sont parfaitement adaptés aux lavages en lave-vaisselle industriel. CITEO est un organisme français qui s'est donné pour mission de réduire l'incidence sur l'environnement des emballages des entreprises en leur proposant des solutions axées sur la réduction, la réutilisation, le tri et le recyclage. "Le PBT peut parfaitement supporter environ 300 utilisations au micro-ondes et cycles de lavage. Pour le couvercle, nous avons opté pour du PP, mais sans joints ni angles", dit Michaël Merran, directeur de Firplast. À la fin de leur cycle de vie, les barquettes peuvent être retournées à Firplast pour recyclage dans d'autres catégories de produits non alimentaires. Les contenants ont été développés avec et pour les restaurateurs. "L'assortiment R'Box fait déjà un tabac sur le marché. Cette année, nous produirons aussi des barquettes d'un autre polymère totalement transparent. Le prix tourne autour de 4 ou 5 euros, pour la barquette avec couvercle." Leygatech - autre entreprise française - a mis au point, en partenariat avec Genomat, une solution d'operculage pour contenants réemployables appelée Thinox. "Notre film polyéthylène (PE) est doté des barrières nécessaires et entièrement recyclable. Il peut être scellé sur inox, verre, céramique et porcelaine et est conforme aux exigences de soudures résistantes (> 250 mbar), de scellage à travers contaminant et d'élimination du soudant au lavage. Il remplace avantageusement les couvercles hermétiques en inox ou en verre, souvent lourds et onéreux, utilisés actuellement dans les collectivités", explique Thierry Bonnefoy, CEO de Leygatech, emballage alimentaire, emballage pharma, films recyclables. SGT, spécialiste français des préformes PET et rPET et des bouchons de bouteille en HDPE, a codéveloppé, en partenariat avec le spécialiste des colorants Avient, une nouvelle préforme laitière monocouche à très faible charge minérale (inférieure à 4%). Ceci pour répondre à la recommandation de CITEO et limiter les perturbations du cycle de recyclage du PET, dont l'étirabilité dans l'industrie des fibres. L'innovation réside dans les fonctionnalités, à savoir une préforme constituée d'une seule manière dont la recyclabilité est garantie, avec du rPET blanc et des propriétés barrières complètes. Après des années de plastic bashing, on observe clairement un regain d'intérêt pour le PET et le rPET dans le secteur laitier. Cette préforme monocouche 100% recyclable peut parfaitement s'intégrer dans un circuit fermé bottle-to- bottle et peut contenir jusqu'à 100% de rPET. Le Belge Bastin Pack emprunte la même voie avec un Doypack mono-PE ou PP 100% recyclable et personnalisé. Les propriétés barrières du PE étant minimales, une couche spéciale a été ajoutée pour faire barrage à la vapeur d'eau et à l'oxygène. Comme les pochettes verticales standard, ce produit peut parfaitement s'imprimer en flexographie haute définition pour une apparence haut de gamme. Les fermetures à pression sont en plastique recyclable, de sorte que l'ensemble peut être déposé dans la poubelle à plastiques après usage. Avec Smart, Sempack a présenté une poche souple monomatière pouvant se tenir verticalement, tête en haut ou tête en bas. À l'instar d'une classique poche à douille, cet emballage peut contenir une grande diversité de liquides, gels, pâtes, poudres ou matières sèches. Constitué de PP, il est plus léger que la grande majorité des emballages concurrents, 38% de plus qu'un Doypack, 53% de plus qu'un flacon rigide et 73% de plus qu'un tube. Il s'aplatit facilement et revendique un taux de restitution du contenu de 99%. Des recherches sont actuellement en cours sur une possibilité de réutilisation après lavage. L'emballage et la méthode de dosage ont été mis au point en France et sont brevetés dans 33 pays. Reynders Label Printing est assez fière de son film rPet pour manchons, à 30% de déchets post-industriels, car il jette les bases d'une économie du plastique circulaire. Ce film est conforme aux normes mondiales et à la directive UE no 10/2011 sur les emballages et les déchets d'emballages et il est compatible avec un contact direct avec des aliments. L'étiquette convient par excellence pour les emballages en verre et en plastique à paroi mince et elle a la masse volumique la plus faible pour un manchon entièrement en PET-G. La perforation ZIPsleeve permet de retirer facilement le manchon. "Ce matériau rPET est notre premier choix pour nos manchons ZIPsleeve. Il s'agit de la meilleure combinaison durable disponible actuellement sur le marché", dit Michiel Van de Perre spécialiste produit chez Reynders. [Reynders zipsleeves] CCL Labels a conçu une série d'étiquettes composées de différents matériaux: biosourcés, à faible masse volumique ou recyclés. Objectif: aider les marques à atteindre leur pourcentage de recyclabilité. Dans le domaine des étiquettes dites sensibles à la pression, il y a WashOff pour les bouteilles consignées, EcoStream pour le recyclage du PET bottle-to-bottle, et EcoSource BIO & EcoSource, des étiquettes et manchons rétractables en PCR ou avec une part de PCR issu de sources renouvelables (PCR=matériau d'emballage recyclé de post-consommation). CCL développe aussi l'assortiment de manchons sensibles à la pression EcoStream. Le Belge AsteriaGroup a présenté sa solution "linerless", des étiquettes rectangulaires autoadhésives sans papier dorsal. Fabriquées en papier ou en plastique blanc ou transparent, elles permettent des économies de matériaux. Elles ne doivent être que partiellement adhésivées, ne laissent pas de trace sur l'emballage et remplacent souvent trois étiquettes (de poids, de produit et promotionnelle) sur le même emballage. Loop LITE est une bouteille arrondie en 100% de rPET, de l'Allemand KHS. Grâce à une conception optimisée et à une barrière améliorée, il a été possible de réduire le poids de cette bouteille de 0,5 litre de 25% par rapport à la référence actuelle du marché. La protection du produit est également assurée par la couche de SiOx: la durée de conservation du contenu de la Loop LITE de KHS est pratiquement deux fois celle des bouteilles de marques conventionnelles. L'empreinte carbone de l'emballage, dit KHS, est réduite d'environ 60% (et même plus dans certains cas individuels) par rapport aux systèmes d'emballage standard du marché composés de PET vierge non revêtu. 1SKIN est la bouteille de Sidel pour produits fragiles, qui revendique un équilibre entre protection du produit, caractéristiques fonctionnelles et dimension durable. D'une contenance d'un litre, elle pèse à peine 28 grammes et a un diamètre de col de seulement 3,2 cm. Fabriquée à partir de 100% de PET recyclé et sans étiquette, elle ne comporte aucun additif, comme de la colle, susceptible de perturber le processus de recyclage. La fermeture du bouchon est assurée conformément à la prochaine réglementation européenne sur les plastiques à usage unique (SUP). Bioemballages Établi en Belgique, ConTeyor est un acteur international dans le domaine des solutions d'emballage réemployables. Son NexTTex est un textile d'emballage cousu codéveloppé avec Freudenberg, qui est destiné à des applications dans les industries automobile, aéronautique, ferroviaire et maritime. Le plastique tissé très léger composé d'un minimum de 40% de rPET est présenté comme un substitut aux lourdes gazes polyester revêtues de PVC. Il peut être retransformé après usage en un nouveau granulat de polymère, pour la fabrication de matériau NexTTex neuf dans un cycle entièrement fermé. Les partenaires de la coentreprise entendent faire passer la durabilité des emballages à un niveau supérieur en s'appuyant sur une technologie d'hydrotissage spéciale, des matériaux en PET recyclé, un processus de recyclage EoL et l'obtention des caractéristiques mécaniques souhaitées. Biowrap possède son propre numéro de certification, lequel garantit une procédure contrôlée et validée selon la norme légale en matière de biodégradation. Les matériaux organiques utilisés ont pour origine l'amidon, le chardon, la betterave et l'huile de coco. Autant de sous-produits végétaux français qui préservent les caractéristiques techniques du matériau: étirabilité et adhérence, protection du contenu emballé pendant le transport et transparence pour les outils de lecture optique des codes. Il s'utilise comme n'importe quelle autre feuille étirable pour un filmage manuel ou mécanique. Le film est disponible en 12 à 30 µm d'épaisseur en rouleaux de 50 à 76 mm de large et il est certifié pour le contact alimentaire.