Le 24 février 2022 marque, outre la prolongation de la grève dans les usines finlandaises d'UPM, le premier jour d'invasion de la Russie en Ukraine. Depuis, l'Europe est en état de choc et le conflit impacte aussi les activités des papetiers européens en Ukraine et en Russie. Pour l'heure, ce sont principalement les clients situés dans la zone de conflit et le secteur de l'emballage qui subissent les conséquences de la guerre.

Arrêt de la production de pâte et papier en Ukraine

Dans l'après-midi du 24 février, pratiquement toutes les entreprises ukrainiennes de pâtes et papiers ont arrêté leur production. Eduard Litvak, directeur général de l'Association ukrainienne de l'industrie des pâtes et papiers UkrPapir, a alors expliqué que les opérations militaires qui se déroulaient dans tout le pays avaient entraîné une rupture des chaînes logistiques et des risques graves pour tous les employés. Par souci de sécurité des salariés, les usines sont donc temporairement fermées. Aucun dommage aux sites de production n'a été signalé. Le 25 février, le groupe Mondi, basé au Royaume-Uni, annonçait également la suspension indéfinie de la production de son usine de sacs en papier Mondi Bags à Lviv pour protéger ses employés. Tandis qu'en Russie, l'usine Mondi Syktyvkar, de la capitale de la république des Komis, poursuit sans restrictions ses opérations. Les activités de Mondi en Russie représentent environ 12% du chiffre d'affaires du groupe par lieu de production, dont une usine intégrée de pâte à papier, de papier d'emballage et de papier fin non couché. Selon Mondi, ces entreprises desservent principalement le marché intérieur et sont toutes actuellement opérationnelles.

Les papetiers scandinaves stoppent leurs activités en Russie

La semaine dernière, le papetier finno-suédois Stora Enso a de son côté suspendu toutes ses activités de production et de ventes en Russie jusqu'à nouvel ordre. Stora Enso arrête également toutes les exportations et importations vers et depuis la Russie. La PDG de la société, Anica Bresky, dit soutenir toutes les sanctions contre la Russie. Le groupe Stora Enso emploie environ 1000 personnes et exploite trois usines d'emballage en carton ondulé et deux scieries de produits en bois en Russie. La part du chiffre d'affaires russe dans les ventes totales du groupe est estimée à environ 3%. Selon Stora Enso, l'impact sur les ventes et l'Ebit n'est pas significatif.

Le papetier finlandais UPM a également annoncé cesser ses livraisons en Russie " pour le moment ". " Bien que l'industrie forestière ne soit pas directement visée par les sanctions internationales pour le moment, les sanctions contre le secteur financier pourraient avoir un impact sur les activités et les transactions d'UPM ou de ses clients en Russie. Le plein impact des sanctions et contre-sanctions actuelles et éventuelles ne sera connu qu'au fur et à mesure de l'évolution de la situation ", déclare UPM dans un communiqué. UPM a des employés, des clients et des fournisseurs en Russie et en Ukraine, mais l'exposition à ces marchés est limitée. Le chiffre d'affaires cumulé dans ces deux pays représente 2% du chiffre d'affaires total du groupe en 2021. UPM Raflatac (étiquette) possède un terminal de distribution dans la région de Kiev employant 13 personnes qui a été fermé jusqu'à nouvel ordre. UPM possède également une usine de contreplaqué à Chudovo qui reste en activité. En 2021, moins de 10% de l'approvisionnement en bois d'UPM en Finlande provenait de la Russie.

Metsä Group, le concurrent finlandais d'UPM, a également suspendu ses opérations en Russie en ce qui concerne l'approvisionnement de bois russe. Le groupe exploite une scierie à Svir dans la région russe de Leningrad. L'usine produit du bois scié d'une capacité de 285 000 m³ dont 95% sont destinés aux marchés d'exportation. " L'approvisionnement en bois en Russie pour la scierie de Svir et les importations vers les usines finlandaises et suédoises de Metsä Group ont été interrompus ", a expliqué le groupe dans un communiqué. Metsä Group n'a pas expliqué les raisons de l'arrêt de la production en Russie et n'a pas fait de lien avec le conflit en cours en Ukraine.

Quant à Arctic Paper Group, qui commercialise la marque Munken, le papetier polonais s'attend à ce que les ventes en Russie et en Biélorussie tombent à zéro, relaye le média polonais Bankier.pl. En 2021, les ventes dans ces pays n'ont représenté que 1,7% du chiffre d'affaires. Selon le PDG d'Arctic Paper, Michal Jarczynski, l'introduction de toute restriction commerciale avec ces pays n'affectera en rien les résultats du groupe. Par ailleurs, les volumes de production pourraient être redirigés vers les clients d'Europe de l'Ouest, où la demande est forte.

Menace sur les prix énergétiques

En Suède, l'association nationale des industries forestières a fait part de ses inquiétudes quant à l'impact de la guerre sur l'économie. " En plus des souffrances humaines, les dégâts économiques seront importants. Déjà aujourd'hui, les marchés financiers mondiaux et les prix de l'énergie sont affectés négativement. Nos membres opèrent dans un marché mondial. Une économie mondiale fortement affaiblie aura de graves conséquences pour l'ensemble de l'industrie européenne ", a déclaré le 1er mars Viveka Beckeman, la directrice générale de la fédération suédoise des industries forestières.

En Italie, l'association italienne des papetiers Assocarta craint les effets indirects du conflit en Ukraine sur l'industrie papetière italienne. Alors que les prix du gaz sont déjà élevés, de nouvelles augmentations en raison de la guerre en Ukraine sont possibles, selon Assocarta. " Nous ne craignons aucune conséquence directe sur le commerce du papier, mais des conséquences indirectes de l'exclusion de la Russie du système de paiement international (SWIFT, NDLR) et de la diminution de la disponibilité du gaz ", a déclaré Massimo Medugno, directeur général d'Assocarta, au média Euwid. " L'Italie - et l'Europe - est largement dépendante du gaz russe. Je pense que la stratégie de l'Italie est d'augmenter les importations de gaz du sud, en utilisant le gazoduc trans-adriatique et les gazoducs algériens et libyens. Notre gouvernement a décidé, si nécessaire, d'utiliser le charbon dans les centrales électriques, des médicaments en cas d'urgence ", a-t-il ajouté.

Dans une interview accordée à Euwid, la CEPI prévoit aussi des augmentations des coûts énergétiques: " Le Green Deal de la Commission européenne et l'objectif de neutralité carbone 2050, qui est soutenu par la CEPI, entraîneront une hausse des prix de l'énergie et des coûts du carbone. La guerre en Ukraine et les sanctions qui y sont liées vont s'ajouter à cette tendance et augmenter encore les prix de l'énergie, qui ont déjà atteint des niveaux très élevés aujourd'hui. "

Interrogée par Nouvelles Graphiques, Beatrice Klose, secrétaire générale de l'association européenne Intergraf, s'attend à une énième augmentation du prix du papier : " Nous verrons certainement une autre augmentation du prix du papier en raison de l'augmentation des coûts énergétiques due à la guerre. La production de papier est très énergivore et nous avons vu une " surtaxe énergétique " sur le prix du papier déjà en octobre de l'année dernière ".

Impact sur l'approvisionnement du papier

Interrogé en décembre dernier sur les difficultés d'approvisionnement et la pénurie de papier, le professeur Didier Van Caillie (HEC Liège) craignait une aggravation de la situation en cas de conflit armé entre l'Ukraine et la Russie (NG janvier 2022). Pour Intergraf, il ne devrait actuellement pas y avoir de changement significatif dans l'approvisionnement en papier et carton importés de l'Ukraine ou de Russie, car l'importation est relativement mineure pour la plupart des pays. " Toutefois, l'importation de pâte et de bois pour les producteurs de papier en Europe sera le problème le plus important. En outre, il se peut que d'autres secteurs utilisateurs de bois aient leurs propres besoins, ce qui augmentera la concurrence pour ces matières premières sur le marché européen ", estime Beatrice Klose. Selon la CEPI, des mesures de restriction des exportations de bois imposées par la Biélorussie, la Russie et l'Ukraine ont affecté les importations européennes au cours des dernières années. Ces trois pays représentent 75% de toutes les importations de bois de l'UE et les mesures de restriction ont eu un impact significatif sur les marchés et la disponibilité du bois de l'UE. La crise actuelle n'aidera pas à résoudre ces problèmes et l'UE a accès au bois de ces trois pays. Par ailleurs, près de 700 000 tonnes de papiers et cartons sont exportés par la Russie vers l'UE, principalement en Italie (23%), en Allemagne (19%) et en Pologne (8%). Environ deux tiers sont des qualités d'emballage. Au niveau du transport, la CEPI fait part de contrôles plus stricts à différentes frontières et de goulots d'étranglement à la frontière ukrainienne avec plusieurs pays de l'UE et à la frontière russe avec les pays baltes. Le trafic maritime international au large des côtes ukrainiennes est complètement bloqué.

Le 24 février 2022 marque, outre la prolongation de la grève dans les usines finlandaises d'UPM, le premier jour d'invasion de la Russie en Ukraine. Depuis, l'Europe est en état de choc et le conflit impacte aussi les activités des papetiers européens en Ukraine et en Russie. Pour l'heure, ce sont principalement les clients situés dans la zone de conflit et le secteur de l'emballage qui subissent les conséquences de la guerre. Dans l'après-midi du 24 février, pratiquement toutes les entreprises ukrainiennes de pâtes et papiers ont arrêté leur production. Eduard Litvak, directeur général de l'Association ukrainienne de l'industrie des pâtes et papiers UkrPapir, a alors expliqué que les opérations militaires qui se déroulaient dans tout le pays avaient entraîné une rupture des chaînes logistiques et des risques graves pour tous les employés. Par souci de sécurité des salariés, les usines sont donc temporairement fermées. Aucun dommage aux sites de production n'a été signalé. Le 25 février, le groupe Mondi, basé au Royaume-Uni, annonçait également la suspension indéfinie de la production de son usine de sacs en papier Mondi Bags à Lviv pour protéger ses employés. Tandis qu'en Russie, l'usine Mondi Syktyvkar, de la capitale de la république des Komis, poursuit sans restrictions ses opérations. Les activités de Mondi en Russie représentent environ 12% du chiffre d'affaires du groupe par lieu de production, dont une usine intégrée de pâte à papier, de papier d'emballage et de papier fin non couché. Selon Mondi, ces entreprises desservent principalement le marché intérieur et sont toutes actuellement opérationnelles.La semaine dernière, le papetier finno-suédois Stora Enso a de son côté suspendu toutes ses activités de production et de ventes en Russie jusqu'à nouvel ordre. Stora Enso arrête également toutes les exportations et importations vers et depuis la Russie. La PDG de la société, Anica Bresky, dit soutenir toutes les sanctions contre la Russie. Le groupe Stora Enso emploie environ 1000 personnes et exploite trois usines d'emballage en carton ondulé et deux scieries de produits en bois en Russie. La part du chiffre d'affaires russe dans les ventes totales du groupe est estimée à environ 3%. Selon Stora Enso, l'impact sur les ventes et l'Ebit n'est pas significatif.Le papetier finlandais UPM a également annoncé cesser ses livraisons en Russie " pour le moment ". " Bien que l'industrie forestière ne soit pas directement visée par les sanctions internationales pour le moment, les sanctions contre le secteur financier pourraient avoir un impact sur les activités et les transactions d'UPM ou de ses clients en Russie. Le plein impact des sanctions et contre-sanctions actuelles et éventuelles ne sera connu qu'au fur et à mesure de l'évolution de la situation ", déclare UPM dans un communiqué. UPM a des employés, des clients et des fournisseurs en Russie et en Ukraine, mais l'exposition à ces marchés est limitée. Le chiffre d'affaires cumulé dans ces deux pays représente 2% du chiffre d'affaires total du groupe en 2021. UPM Raflatac (étiquette) possède un terminal de distribution dans la région de Kiev employant 13 personnes qui a été fermé jusqu'à nouvel ordre. UPM possède également une usine de contreplaqué à Chudovo qui reste en activité. En 2021, moins de 10% de l'approvisionnement en bois d'UPM en Finlande provenait de la Russie.Metsä Group, le concurrent finlandais d'UPM, a également suspendu ses opérations en Russie en ce qui concerne l'approvisionnement de bois russe. Le groupe exploite une scierie à Svir dans la région russe de Leningrad. L'usine produit du bois scié d'une capacité de 285 000 m³ dont 95% sont destinés aux marchés d'exportation. " L'approvisionnement en bois en Russie pour la scierie de Svir et les importations vers les usines finlandaises et suédoises de Metsä Group ont été interrompus ", a expliqué le groupe dans un communiqué. Metsä Group n'a pas expliqué les raisons de l'arrêt de la production en Russie et n'a pas fait de lien avec le conflit en cours en Ukraine.Quant à Arctic Paper Group, qui commercialise la marque Munken, le papetier polonais s'attend à ce que les ventes en Russie et en Biélorussie tombent à zéro, relaye le média polonais Bankier.pl. En 2021, les ventes dans ces pays n'ont représenté que 1,7% du chiffre d'affaires. Selon le PDG d'Arctic Paper, Michal Jarczynski, l'introduction de toute restriction commerciale avec ces pays n'affectera en rien les résultats du groupe. Par ailleurs, les volumes de production pourraient être redirigés vers les clients d'Europe de l'Ouest, où la demande est forte.En Suède, l'association nationale des industries forestières a fait part de ses inquiétudes quant à l'impact de la guerre sur l'économie. " En plus des souffrances humaines, les dégâts économiques seront importants. Déjà aujourd'hui, les marchés financiers mondiaux et les prix de l'énergie sont affectés négativement. Nos membres opèrent dans un marché mondial. Une économie mondiale fortement affaiblie aura de graves conséquences pour l'ensemble de l'industrie européenne ", a déclaré le 1er mars Viveka Beckeman, la directrice générale de la fédération suédoise des industries forestières.En Italie, l'association italienne des papetiers Assocarta craint les effets indirects du conflit en Ukraine sur l'industrie papetière italienne. Alors que les prix du gaz sont déjà élevés, de nouvelles augmentations en raison de la guerre en Ukraine sont possibles, selon Assocarta. " Nous ne craignons aucune conséquence directe sur le commerce du papier, mais des conséquences indirectes de l'exclusion de la Russie du système de paiement international (SWIFT, NDLR) et de la diminution de la disponibilité du gaz ", a déclaré Massimo Medugno, directeur général d'Assocarta, au média Euwid. " L'Italie - et l'Europe - est largement dépendante du gaz russe. Je pense que la stratégie de l'Italie est d'augmenter les importations de gaz du sud, en utilisant le gazoduc trans-adriatique et les gazoducs algériens et libyens. Notre gouvernement a décidé, si nécessaire, d'utiliser le charbon dans les centrales électriques, des médicaments en cas d'urgence ", a-t-il ajouté.Dans une interview accordée à Euwid, la CEPI prévoit aussi des augmentations des coûts énergétiques: " Le Green Deal de la Commission européenne et l'objectif de neutralité carbone 2050, qui est soutenu par la CEPI, entraîneront une hausse des prix de l'énergie et des coûts du carbone. La guerre en Ukraine et les sanctions qui y sont liées vont s'ajouter à cette tendance et augmenter encore les prix de l'énergie, qui ont déjà atteint des niveaux très élevés aujourd'hui. "Interrogée par Nouvelles Graphiques, Beatrice Klose, secrétaire générale de l'association européenne Intergraf, s'attend à une énième augmentation du prix du papier : " Nous verrons certainement une autre augmentation du prix du papier en raison de l'augmentation des coûts énergétiques due à la guerre. La production de papier est très énergivore et nous avons vu une " surtaxe énergétique " sur le prix du papier déjà en octobre de l'année dernière ".Interrogé en décembre dernier sur les difficultés d'approvisionnement et la pénurie de papier, le professeur Didier Van Caillie (HEC Liège) craignait une aggravation de la situation en cas de conflit armé entre l'Ukraine et la Russie (NG janvier 2022). Pour Intergraf, il ne devrait actuellement pas y avoir de changement significatif dans l'approvisionnement en papier et carton importés de l'Ukraine ou de Russie, car l'importation est relativement mineure pour la plupart des pays. " Toutefois, l'importation de pâte et de bois pour les producteurs de papier en Europe sera le problème le plus important. En outre, il se peut que d'autres secteurs utilisateurs de bois aient leurs propres besoins, ce qui augmentera la concurrence pour ces matières premières sur le marché européen ", estime Beatrice Klose. Selon la CEPI, des mesures de restriction des exportations de bois imposées par la Biélorussie, la Russie et l'Ukraine ont affecté les importations européennes au cours des dernières années. Ces trois pays représentent 75% de toutes les importations de bois de l'UE et les mesures de restriction ont eu un impact significatif sur les marchés et la disponibilité du bois de l'UE. La crise actuelle n'aidera pas à résoudre ces problèmes et l'UE a accès au bois de ces trois pays. Par ailleurs, près de 700 000 tonnes de papiers et cartons sont exportés par la Russie vers l'UE, principalement en Italie (23%), en Allemagne (19%) et en Pologne (8%). Environ deux tiers sont des qualités d'emballage. Au niveau du transport, la CEPI fait part de contrôles plus stricts à différentes frontières et de goulots d'étranglement à la frontière ukrainienne avec plusieurs pays de l'UE et à la frontière russe avec les pays baltes. Le trafic maritime international au large des côtes ukrainiennes est complètement bloqué.